L'Histoire

2003-02-27 00:00
La Chine est un pays unifié et multinational. Le Tibet est depuis l'antiquité une partie inaliénable de la Chine. Les autochtones qui y habaitaient avant notre ère avaient déjà noué des liens avec les Han vivant sur la Plaine centrale (régions des cours moyen et inférieur du Fleuve Jaune). Au fil de longues années, les tribus disparates vivant sur le Plateau du Tibet s'étaient intégrés progressivement pour former finalement la nationalité tibétaine d'aujourd'hui.

La dynastie des Tubo : Au début du 7ème siècle, l'histoire de Chine accéda à une nouvelle étape. La dynastie des Tang établit un pouvoir unifié et puissant, mettant un terme à la situation de troubles et de division qui avait régné pendant plus de 300 ans dans les régions des cours moyen et inférieur du Fleuve Jaune. Durant la même période, Songtsan Gambo, héros national tibétain, annexa une dizaines de tribus et de clans, réalisa l'unification sur le Plateau du Tibet et fonda officiellement la dynastie des Tubo en fixant Rosa (Lhasa d'aujourd'hui) comme capitale. Durant son  règne, Songtsan Gambo cherchait à établir de bonnes relations avec la dynastie des Tang et à s'inspirer des techniques de production avancées et des acquis politiques et culturels de la dynastie des Tang. Il expédia deux fois des ministres pour demander la cour à la dynastie des Tang. En 641, il épousa la princesse Wencheng, fille de l'empereur Taizong des Tang. Songtsan Gambo fit introduire au Tibet des techniques de distillerie de vin, de fabrication du papier et de meule en pierre et de l'encre. Il envoya des jeunes nobles pour apprendre à Chang'an (Xi'an d'aujourd'hui) des oeuvres classiques chinoises et invita des lettrés Han à séjourer au Tibet pour mettre au point des rites et rédiger des édits. Durant son règne, Songtsan Gambo maintenait d'excellentes relations avec la dynastie des Tang sur les plans politique, économique et culturel. L'empereur Gaozong des Tang lui gratifia le titre de « Connétable-gendre impérial » et « prince de la Mer ouest ». Songtsan Gabo se vit conférer ensuite le titre de « roi de Bin ». Ainsi furent noués des « liens d'amour filial entre oncle maternel et neveu » rapprochant les Tubo et la dynastie des Tang et leur avait permis d'entretenir des échanges très fréquents pendant plus de deux cents ans. En 710, la princesse Jincheng des Tang vint au Tibet et épousa le roi des Tubo Mowang Cong (Chidezuzain) en y amenant des dizaines de milliers de pièces d'étoffe en soie et en brocart, des ouvrages sur les techniques et les artisanats ainsi que d'innombrables objets nécessaires d'usage courant. S'étant installée au Tibet, la princesse Jincheng finança des moines de Yutian (dans le Xingjiang d'aujourd'hui) pour construire des temples et traduire des soutras au Tibet. Elle sollicita par ailleurs à la cour impériale des Tang des ouvrages classiques chinois comme le « Livre des Odes de Mao », les « Mémoires sur les Rites », « Les commentaires de Zuo Qiuming sur les annales des Printemps et Automnes » et l'« Anthologie des oeuvres classiques » etc. En 821, le roi des Tubo Chirebajin envoya trois fois des émissaires à Chang'an pour établir l'alliance avec la dynastie des Tang. L'empereur Muzong des Tang chargea alors son Premier ministre et d'autres fonctionnaires de haut rang à contracter l'alliance avec les envoyés des Tubo lors d'une cérémonie pompeuse tenue dans la banlieue ouest de Chang'an. L'année suivante, la dynastie des Tang envoya Liu Yuanding et autres au Tibet pour entériner l'alliance contractée. La cérémonie eut lieu dans la banlieue est de Lhasa en présence du chef religieux Boshanbu et du ministre Shangyixin'er. Du fait que la cérémonie eut lieu en première et deuxième année (en 822 et 823) du règne de Changqing, cette rencontre porte le nom de « l'alliance de Changqing » dans l'histoire. Les deux parties contractantes réaffirmèrent à cette occasion leurs liens parentaux entre « oncle et neveu » et leur appartenance à la « même famille » et convenèrent d'établir désormais un « pouvoir unifié ». Trois stèles en pierre retraçant cet événement furent gravés et un se dresse toujours devant le Monastère Jokhang à Lhasa.      

Le morcellement et la division du Tibet : En 842, la dynastie des Tubo s'effrondra au bout des guerres incessantes entre les différents clans et généraux et aussi à cause des disputes internes dans la cour royale. De nombeuses forces locales, indépendantes des unes et des autes, firent leur apparition. Elles s'emparèrent chacune du territoire tant qu'elles pouvaient et se livrèrent entre elles à des batailles interminables. Cette situation de scisson avait duré plus de 400 ans.

Le Tibet se rattacha à la Chine vers le milieu du 13ème siècle : Au début du 13ème siècle, Gengis Khan, chef suprême des Mongols, fonda dans le nord de la Chine le Khanat mongol. En 1247, le vénérable moine de la secte Sakya-pa Sapan Kongka Gyaincain et le fils du Khan mongol Go Tan signèrent à Lianzhou (Wuwei, de la province du Gansu d'aujourd'hui) un accord selon lequel les différents tribus du Tibet se rallièrent au Khanat mongol et acceptèrent le système administratif proposé par le Khana mongol.    

L'établissement du pouvoi local de Sakya: En 1271, le Khan mongol baptisa son règne du nom des Yuan. Il unifia la Chine toute entière en 1279 et fonda un pouvoir central unifié. Le Tibet devint alors une région administrative placée sous la juridiction directe du gouvernement central des Yuan de la Chine. En 1260, Kubilay (1215-1294) fut intronisé. Il décerna le tire de « Grand maître d'Etat » à Phags-pa, neveu du vénérable moine Kongka Gyaincain et roi de la Loi de la secte Sakya-pa. En 1264, Kubilay institua la « Conseil général du bouddhisme » et nomma Phags-pa président du Conseil en sa qualité de « Grand maître d'Etat ». Un Commandement de maréchal de Xuanweishisi subordonné au Conseil               général du bouddhisme fut établi et chargé d'accomplir les affaires militaires et administratives et d'exercer la juridiction sur la plupart des régions du Tibet d'aujourd'hui. Des administrations dite de Wanhu (dix mille foyers) et de Qianhu (mille foyers) relevant de  Xuanweishisi            furent également établies et chargées des affaires administratives et civiles. En 1265, Kubilay conféra à Phags-pa le titre de Dabaofawan (roi de la Loi au grand trésor) et de Précepteur impérial, et sur la propostion de ce dernier, le gouvernement central nomma le chef de l'excutif, le plus haut responsible chargé des affaires du Tibet et 13 chefs de Wanhu (dix mille foyer). En 1268, 1287 et 1334, les autorités centrales des Yuan envoyèrent trois fois des officiels pour effectuer au Tibet le resensement démographique. Elles établirent en outre 15 relais de poste inaugurant la voie de communication reliant le Tibet à Dadu (Beijing d'aujourd'hui). La dynastie des Yuan établit et mis en oeuvre au Tibet le système de « Wula » qui avait pour vocation d'organiser des corvées.

La juridiction exercée sur le Tibet pas le gouvernement central des dynasties successives : Depuis le rattachement officiel du Tibet au territoire chinois au milieu des 13ème siècle, malgré la succession des dynasties et le renouvellement du pouvoir central, le Tibet fut toujours placé sous la juridiction du gouvernement central. Le pouvoir local de Sakya-pa connut progressivement son déclin vers le milieu du 14ème siècle. En 1354, la secte Kagkyü de Pazhu ayant comme chef Gyainqu Gyaincain devint la dominatrice de la plupart des régions du Tibet et elle fonda un pouvoir local de Pazhu cumulant les pouvoirs politique et religieux. Le gouvernment central des Yuan avait reconnu cette réalité et conféra Gyainqu Gyaincain du pouvoir de Pazhu le titre de « Grand ministre à l'Instruction publique ». Après la fondation de la dynastie des Ming en 1368, le gouvernement central adopta une politique consistant à gratifier autan que possible des titres honorifiques aux leaders religieux des différentes sectes politiquement influantes. Il leur gratifia des titres tels que « Roi », «Roi de la Loi » et « Grand maître de Guanding » (maître chargé de diriger les rites de bénédiction par aspersion d'eau sur la tête de fidèles qui se consacrent au Bouddha). Quant à la succession au trône royal, elle devait être ratifiée par l'empereur et celui-ci envoya ensuite un émissaire au Tibet pour remettre au roi le mandat. Duran cette période-là, la secte Geluk-pa (Bonnets jaunes) à laquelle appartiennent les deux grands systèmes de bouddha vivant de Dalai Lama et de Panchan Lama connut sa prospérité. Le troisième Dalai Lama Sonam Gyatso offrit le tribut à la cour impériale des Ming et se vit attribuer par celle-ci le titre de « Duo Er Zhi Chang ». Les autorités centrales de la dynastie des Ming perpétuèrent la juridication de la dynastie précédente des Yuan en instituant successivement deux Commandements Wusiang  et Duogang et le Comandement de maréchal militaire et civil de Erlisi pour gérer respectivement les affaires militaires et administratives du Tibet antérieur et du Tibet postérieur ainsi que des régions de Qamdo et de Ngari. Le pouvoir régional Pazhu institua entre temps dans certaines régions du Tibet un système de directtion confiée aux chefs de districts. La dynastie des Ming leur conféra aussi des grades hiérarchiques si bien que ces fonctionnaires étaient devenus à la fois chefs de districit et officiels nommés par les autorités centrales. En 1644, la dynastie des Qing supplanta celle des Ming et exerçait dès lors une juridiction encore plus rigoureuse sur le Tibet. L'exercice de la souveraineté sur le Tibet devint alors plus institutionnalisé et plus légalisé. L'empereur Shunzhi des Qing invita à plusieurs reprises le 5ème Dalai Lama à se rendre à Beijing. En 1652, ce dernier vint à Beijing et l'empereur Shunzhi lui octroya le registre d'or, le seau d'or et lui gratifia le titre du cinquième Dalai, officialisant ainsi le titre de Dalai Lama. En 1713, l'empereur Kangxi conféra au 5ème Panchan Luosang Goigyi le titre de « Bainqen Erdini » officialisant ainsi le titre de Panchan Lama. Depuis lors, le Dalai Lama gouvernait dans la plupart des régions du Tibet et le Panchan Lama dans le reste du Tibet. En 1727, la dynastie des Qing nomma un ministre accrédité au Tibet, qui supervisait l'administration du pouvoir local au nom du gouvernement central. C'était à cette époque-là que les lignes de démcarcation séparant le Tibet d'une part et le Sichuan, le Yunnan et le Qinghai de l'autre avaient été définies officiellement. En 1721, le gouvernement central des Qing institua le système de Kaloon. Il réajusta de nouveau en 1750 le système de gestion administrative au Tibet en abolissant le système de prince, établissant le gouvernement local du Tibet (le Kashage), stipulant que le ministre nommé par le gouvernement central en poste au Tibet et le Dalai Lama exerçaient en commun la gestion des affaires du Tibet. En 1793, le gouvernement des Qing promulgua le célèbre « Décret impérial pour un gouvernement pus efficace au Tibet » composé de 29 articles. Le Décret stipule en détails les attributions du ministre accrédité au Tibet, la réincarnation de Dalai, de Panchan et d'autres grands bouddhas vivants, l'administration des affaires militaires aux frontières, des affaires étrangères, des fiancières,  l'imposition, le coulage de monnaies et leur gestion ainsi que l'entretien et la gestion des monastères. Les principes fondamentaux définiés par cette charte en 29 articles régissaient depuis lors et pendant une centaine d'années le système administratif du pouvoir local et les règlements appliqués au Tibet. En 1911, la Révolution qui porte le nom de l'année éclata et déboucha sur la fondation de la République de Chine, qui  intégrait dans son sein les Han, les Mandchou, les Mongols, les Hui et les Tibétains ainsi que d'autres ethnies. Tout comme ce qu'on faisaient sous les dynasties des Yuan, des Ming et des Qing, le gouvernement central continuait à exercer la souveraineté sur le Tibet. En 1912, il institua le Bureau des Affaies mongoles et tibétaines (baptisé en 1914 du nom de la Cour des Affaires mongoles et tibétaines), chargé de la gestion des affaires locales du Tibet, et nomma le haut commissaire du gouvernement central accrédité au Tibet. En 1927, le gouvernement nationaliste fut constitué à Nanjing, qui institua en 1929 la Commission des Affaires mongoles et tibétaines, chargée de la gestion des affaires administratives dans les réginos où vivaient en communauté les Tibétains, les Mongols et les autres ethnies minoritaires. En 1940, le gouvernement nationaliste institua l'Office de la Commission des Affaires mongoles et tibétaines à Lhasa en tant qu'organisme permanent accrédité au Tibet. Pour sa part, le gouvernement local du Tibet envoya également plusieurs fois des représentants pour participer à l'Assemblée nationale. Durant la période de la République de Chine, le pays était en proie à des agressions étrangères répétées et à des troubles intérieures fréquentes. Le gouvernement central avait été réduit à un état impuissant. Cependant, le Dalai Lama et Bainqen Erdini continuaient  à accepter le titre conféré par les autorités centrales pour se procurer d'une position légitime sur les plans politique et religieux dans la région du Tibet. L'intronisation du 14ème Dalai Lama Tenzin Gyatso fut ratifiée aussi par le gouvernement nationaliste par l'intermédiaire de la promulgation d'un décret.

L'écrasement de la rébellion : En 1949 a été fondée la République populaire de Chine. Eu égard à l'histoire et à la réalité du Tibet, le gouvernement populaire central a décidé d'adopter le principe de la libération pacifique. Le 23 mais 1951, les représentants du gouvernement populaire central et du gouvernement local du Tibet sont parvenus à un accord et ont signé l' « Accord sur les modalités de la libération pacifique du Tibet entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet » (connu sous l'abréviation de l'« Accord en 17 articles »). Cet accord a pour contenu principal suivant : D'une part, le gouvernement populaire central exhorte le gouvernement local du Tibet à assister activement l'Armée populaire de Libération à entrer dans le Tibet, à consolider la défense nationale et à expulser les forces impérialistes ; toutes les affaires de la région du Tibet concernant l'étranger doivent être traitées de manière unifiée par le gouvernement populaire central ; les troupes militaires du Tibet doivent être transformées et incorpérées dans l'Armée popualire de Libération. D'autre part, le gouvernement populaire central n'intervient pas pour changer la position et les attributions du système d'alors et du Dalai Lama déjà existants ; les moeurs et coutumes de la population du Tibet doivent être respectés et la liberté de la croyance religieuse protégée ; la réforme sociale au Tibet doit être décidée à l'issue des consultations avec les dirigeants du Tibet ; l'autonomie nationale des ethnies minoritaires doit être appliquée au Tibet. Le Dalai Lama et Bainqen Erdini ont séparément adressé des messages au gouvernement populaire central et au président Mao Zedong pour exprimer leur soutien à l'Accord en 17 articles et leur détermination de sauvegarder l'unité de la patrie. Les moines et laïques de différentes couches sociales du Tibet et les leaders des Tibétains se sont également prononcés pour cet accord. Une nouvelle page a été ainsi inscrite dans les annales de l'histoire du Tibet. En 1954, le Dalai Lam et Bainqen Erdini se sont rendus tous les deux à Beijing pour participer à la première Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine. Au cours de cette assemblée, ils ont été élus respectivement vice-président du Comité permanent et membre du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale. En 1956, a été composé le Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet, et le Dalai Lama a assumé les fonctions du président de ce comité. Au mois de mars 1959, la clique réactionnaire de la couche supérieure du Tibet a déclenché une rébellion armée dans laqelle ont été impliqués la plupart de Kaloon (hauts fonctionnaires du gouvernement local). Cette rébellion a pour but de diviser la patrie, de préserver le système féodal du servage et de contrecarrer la réforme démocratique. Le gouvernement populaire central a ordonné à l'Armée populaire de Libération déployée au Tibet de neutraliser sans rémission la rébellion. Le Premier ministre du gouvernement populaire central Zhou Enlai a émis le 28 mars un ordre annonçant la dissolution du gouvernement local du Tibet et a confié le Comité préapratoire de la Région autonome du Tibet à prendre en charvge les attributions du gouvernement local. Parallèlement, pour satisfaire l'aspiration de la population du Tibet, le gouvernement populaire central a décidé d'entreprendre la réforme démocratique au Tibet et d'abolir le système féodal du servage. Ainsi, un millions de serfs et d'esclaves ont-ils été émancipés et ne sont plus des biens privés des propriétaires de serfs. Dès lors, ils ne sont plus l'objet d'achat, de vente, de transfert, d'échange et de gage en compensation d'une dette et ont acquis la liberté de la personne, devenant le maître de la nouvelle société. Après plusieurs années de développement régulier, la Région autonome du Tibet a été fondée en septembre 1965.
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