Interviewécrite accordée par le Ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi aux médias soudanais

2011-08-08 15:01

Le 8 août 2011, le Ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi, en visite au Soudan, a accordé une interview écrite aux journaux locaux News et Herald et au centre médiatique du Soudan. En voici le texte intégral :

1. Que pensez-vous de l'état actuel des relations sino-soudanaises ?

R : La Chine et le Soudan, qui ont établi les relations diplomatiques en 1959, sont liés par une amitié traditionnelle profonde. Grâce à plus d'un demi siècle d'efforts, les deux pays ont construit des relations d'amitié et de coopération durables, stables et riches, et leur coopération s'est avérée fructueuse dans les domaines politique, économique, commercial, culturel, éducatif et sanitaire. Ces dernières années, sous l'impulsion et la conduite des dirigeants des deux pays, les relations sino-soudanaises se sont engagées dans une voie de développement rapide. Les visites se sont multipliées à tous les niveaux, la confiance politique mutuelle n'a cessé de se renforcer, et la coopération pragmatique a donné des fruits abondants dans tous les domaines, notamment dans celui du pétrole, ce qui a apporté des bénéfices réels aux peuples des deux pays. Nous sommes satisfaits de l'état actuel de la relation sino-soudanaise et pleinement confiants en son avenir.

2. Avec l'indépendance du Sud-Soudan, le Soudan devra faire face à une forte baisse de ses revenus pétroliers et à des difficultés économiques. En tant que pays ami, que compte faire la Chine pour aider le Soudan ? Quelle politique mènera-t-elle vis-à-vis de ce dernier ?

R : Nous comprenons tout à fait que le Soudan se trouve actuellement dans une période spéciale. Je voudrais réitérer que quelle que soit l'évolution de la situation dans la région ou à l'intérieur de ce pays, la politique du gouvernement chinois de développer des relations de coopération amicale avec le Soudan restera inchangée. La Chine entend prendre les mesures suivantes pour consolider et développer les relations entre les deux pays : 1) Maintenir les échanges amicaux à différents niveaux pour renforcer la connaissance et la confiance politique mutuelles. 2) Elargir la coopération pragmatique pour des avantages réciproques. La Chine entend approfondir sa coopération pétrolière avec le Soudan, encourager et soutenir les investissements des entreprises chinoises performantes et crédibles dans ce pays, et élargir sa coopération avec le Soudan dans les domaines aussi divers que l'agriculture, l'industrie minière, l'énergie, l'hydraulique, l'électricité, la construction de routes et de ponts, et la télécommunication, tout en continuant à lui accorder des assistances dans la mesure du possible. 3) Renforcer les concertations et la coopération dans les affaires internationales et régionales pour préserver les intérêts communs des deux pays. La Chine est prête à intensifier son dialogue et ses concertations avec le Soudan sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, les changements climatiques, la sécurité alimentaires et d'autres dossiers d'importance majeure afin de préserver ensemble les droits et intérêts légitimes des pays en développement. Nous avons la conviction qu'avec les efforts conjugués de part et d'autre, les relations sino-soudanaises auront un plus bel avenir.

3. Que pensez-vous du développement futur des relations entre le Soudan et le Sud-Soudan ?

R : Un vieil adage chinois dit que mieux vaut un proche voisin qu'un parent éloigné. Le Soudan et le Sud-Soudan sont des pays voisins. La paix et le développement de l'un sont étroitement liés à ceux de l'autre. La bonne entente profite aux deux pays alors que l'hostilité les pénalise tous. Certes, les Sud-Soudanais ont déjà proclamé leur indépendance et fondé leur République. Mais il existe encore entre le Nord et le Sud beaucoup de problèmes non résolus qui touchent aux intérêts vitaux de chacune des deux parties. Nous espérons que les deux pays pourront, dans l'intérêt de leurs peuples et celui de la paix et de la stabilité régionales, rester fidèles à leur choix pacifique et régler leurs différends par voie de dialogue et de consultations et dans un esprit de compromis, afin de réaliser une relation de bon voisinage, une coopération mutuellement bénéfique et un développement partagé. La Chine, qui soutient depuis toujours le processus de paix Nord-Sud, continuera à travailler de concert avec la communauté internationale pour contribuer aux interactions positives entre le Nord et le Sud et au maintien de la paix et de la stabilité dans la région.

4. Comment voyez-vous les perspectives de règlement du problème d'Abyei ?

R : La Chine se réjouit de la signature, il y a peu de temps, à Addis Abéba, de l'Accord provisoire sur la sécurité et la gestion administrative du territoire d'Abyei entre le Soudan et le Sud-Soudan. Elle salue les efforts inlassables déployés par les deux parties et l'Union africaine et espère que les deux pays resteront fidèles à leur choix pacifique et poursuivront les négociations pour régler adéquatement leurs différends et trouver une solution mutuellement acceptable. Ces derniers temps, nous avons parlé maintes fois avec le Soudan et le Sud-Soudan, les appelant à la paix et au dialogue, et offert activement nos bons offices dans des enceintes multilatérales, apportant par là une grande contribution à l'apaisement des tensions dans la région d'Abyei. Ce qui est salué par les parties concernées. A l'avenir, nous continuerons à travailler ensemble avec la communauté internationale pour jouer un rôle constructif dans le règlement définitif du problème d'Abyei.

5. Comment voyez-vous la question du Kordofan méridional ?

R : Nous avons suivi de près la récente évolution de la situation au Kordofan méridional et parlé avec les parties concernées pour atténuer la tension. Nous soutenons les efforts de médiation du Groupe de haut niveau de l'Union africaine sur le Soudan et appelons les différentes parties à faire preuve de sang-froid et de retenue et à poursuivre la recherche d'une solution négociée à leurs différends afin de rétablir au plus tôt la stabilité et l'ordre au Kordofan méridional.

6. Monsieur le Ministre, comment voyez-vous la question du Darfour ? Quels sont vos commentaires sur la récente signature, à Doha, d'un accord de paix entre le gouvernement soudanais et le « Mouvement pour la libération et la justice » (MLJ) ?

R : La question du Darfour est au fond une question du développement, seules l'éradication de la pauvreté et la réalisation du développement permettent d'assurer une coexistence harmonieuse entre les différentes ethnies du Darfour et de résoudre ce problème de manière définitive. La priorité actuelle, c'est que les parties concernées doivent cesser immédiatement leurs actes hostiles afin d'apaiser les tensions et de créer des conditions favorables au retour à la normale de la vie économique et sociale au Darfour. La Chine salue l'accord de paix signé récemment à Doha entre le gouvernement soudanais et le MLJ, et apprécie hautement les efforts inlassables déployés à cet égard par le gouvernement du Qatar et les différentes parties concernées. La signature de cet accord de paix, nouveau résultat important du processus politique au Darfour, témoigne de la volonté sincère du gouvernement soudanais et des mouvements concernés de trouver un règlement politique négocié au problème du Darfour. La Chine espère que cet accord sera appliqué effectivement et appèle les autres groupes de la région à rejoindre rapidement le processus de réconciliation politique. La communauté internationale doit multiplier ses efforts en faveur de la réconciliation et apporter plus d'aide à la reconstruction du Darfour. La Chine entend continuer à travailler activement avec les parties concernées pour contribuer à un règlement adéquat du problème du Darfour.

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