Conférence de presse donnée par le Conseiller d’État et Ministre des Affaires étrangères Wang Yi sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine

2022-03-08 09:52

Le 7 mars 2022, le Conseiller d’État et Ministre des Affaires étrangères Wang Yi a donné une conférence de presse à l’occasion de la 5e session annuelle de la 13e Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Palais du Peuple et répondu aux questions de journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine.

Chers amis de la presse, bonjour à vous tous. Je suis très heureux de vous retrouver. L’année 2022 sera une autre année pleine de défis pour le monde. L’épidémie de COVID-19 n’a pas encore été complètement endiguée, et la crise ukrainienne a éclaté. Ce qui rend encore plus complexe et agitée la situation internationale déjà pleine d’incertitudes. À ce moment important, ce dont les pays du monde ont besoin, c’est la solidarité et le dialogue, et non la division et la confrontation. La Chine, grand pays responsable, continuera de porter haut le drapeau du multilatéralisme et travaillera avec tous les pays épris de paix et en quête du développement pour renforcer la solidarité et la coopération, relever conjointement les défis, poursuivre la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité et bâtir un bel avenir radieux pour le monde. Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.

CCTV : Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022 se sont tenus avec succès, ce qui est d’autant plus à applaudir vu la situation internationale actuelle. Des commentateurs internationaux estiment que par rapport à 2008 lorsque qu’elle avait accueilli les JO d’été de Beijing, la Chine est aujourd’hui plus confiante et plus forte. Comment le voyez-vous ?

Wang Yi : Grâce aux efforts communs de la Chine et de la communauté internationale, les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing ont remporté un grand succès. Nous avons offert au monde un rendez-vous olympique simplifié, sûr et splendide et fait découvrir une Chine plus sûre d’elle, plus capable, plus ouverte et plus inclusive. Quelque 170 représentants officiels de près de 70 pays et organisations internationales ont assisté à la cérémonie d’ouverture, témoignant par cette action concrète leur soutien à la Chine. À cette occasion, je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux amis de tous les pays pour leur participation et leur soutien à ces Jeux.

Le succès des JO d’hiver de Beijing est non seulement le succès de la Chine, mais aussi celui du monde. C’est non seulement une victoire du sport, mais aussi et surtout une victoire de la solidarité. Ces Jeux ont été organisés au moment où le variant Omicron se propageait et que des tensions régionales montaient. Il y avait en plus des perturbations et des atteintes politiques de la part de quelques pays. Mais ce qui nous a encouragé, c’est que la grande majorité des pays et leurs peuples ont choisi de s’unir autour de l’esprit olympique et apporté de l’espoir à l’humanité souffrant de l’épidémie et de la confiance au monde traversant des instabilités croissantes.

En ce moment, les athlètes de différents pays donnent le meilleur d’eux-mêmes aux Jeux Paralympiques d’hiver. Je suis convaincu que la lumière de l’unité et de la coopération des JO d’hiver de Beijing percera certainement les ténèbres et les tempêtes et éclairera le chemin de l’avenir pour toute l’humanité. 

Reuters : Les opérations des armées russes en Ukraine se sont étendues aux installations non militaires. Est-ce la Chine pourra faire plus pour régler le conflit ?

Wang Yi : Sur la question ukrainienne, nous avons toujours adopté une attitude objective et impartiale et fait des jugements et pris la position en toute indépendance et selon la réalité des faits. Une glace épaisse ne se fait pas en un seul jour de gel. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine est dû à des facteurs très complexes. Pour régler les questions complexes, il faut faire preuve de sang-froid et de raison, et non mettre de l’huile sur le feu et exacerber les tensions. La Chine estime que pour désamorcer la crise actuelle, il faut observer les buts et principes de la Charte des Nations Unies et respecter et sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays. Il faut observer le principe d’indivisibilité de la sécurité et prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des parties concernées. Il faut régler pacifiquement les différends par le dialogue et les négociations. Il faut avoir à l’esprit la paix et la stabilité de long terme dans la région et bâtir un mécanisme de sécurité européen équilibré, efficace et durable.

Actuellement, la communauté internationale doit concentrer l’effort sur les deux points suivants :

Premièrement, favoriser la paix et les négociations. La Chine a déjà fait des efforts dans ce sens en maintenant une communication étroite avec les différentes parties. Le lendemain de l’éclatement du conflit, le Président Xi Jinping a eu, sur demande, une conversation téléphonique avec le Président Poutine, lors de laquelle il a exprimé son souhait de voir la partie russe et la partie ukrainienne entamer rapidement des négociations. Le Président Poutine y a donné une réponse positive. Les deux pays ont tenu deux tours de négociations. Nous espérons que le 3e tour de négociations qui aura lieu aboutira à de nouvelles avancées. La Chine estime que plus la situation est tendue, plus il est important de poursuivre les pourparlers, et que plus les divergences sont importantes, plus il est nécessaire de se mettre à la table des négociations. La Chine entend continuer de jouer un rôle constructif pour favoriser la paix et les négociations, et, en cas de besoin, proposer des bons offices nécessaires ensemble avec la communauté internationale. 

Deuxièmement, éviter une crise humanitaire de grande ampleur. À cet égard, la Chine entend avancer une initiative en six points :

1. Les opérations humanitaires doivent se faire dans le respect des principes de neutralité et d’impartialité et il faut éviter la politisation des questions humanitaires.

2. Il faut porter une attention entière aux déplacés ukrainiens et les aider à être pris en charge adéquatement.

3. Il faut protéger effectivement les civils et prévenir en Ukraine des catastrophes humanitaires liées au conflit.

4. Il faut garantir le déploiement des actions humanitaires dans des conditions bonnes et sûres, y compris assurer un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave.

5. Il faut assurer la sécurité des étrangers en Ukraine, leur permettre de quitter l’Ukraine en sécurité et les aider à retourner dans leur pays.

6. Il faut soutenir l’ONU dans ses efforts de jouer un rôle coordinateur en matière d’aide humanitaire à l’Ukraine et appuyer le travail du Coordinateur des Nations Unies pour la crise en Ukraine.

La Chine entend poursuivre ses efforts pour contribuer à surmonter la crise humanitaire. La Croix-Rouge chinoise fournira rapidement une aide humanitaire matérielle d’urgence à l’Ukraine.

Phoenix TV : La communauté internationale s’inquiète des risques de division, de confrontation et d’une nouvelle guerre froide devant lesquels le monde est de nouveau placé. Comment le voyez-vous?

Wang Yi : En effet, le monde d’aujourd’hui est loin d’être tranquille. Les changements jamais vus depuis un siècle se déroulent sous nos yeux. Certain pays, dans le but de préserver son hégémonie, reprend la logique de la guerre froide et crée la confrontation des blocs, exacerbant les instabilités et la division et créant de nouveaux problèmes dans un monde déjà plein de défis.

Que devons-nous faire ? La Chine est convaincue que la bonne voie pour nous est de renforcer la solidarité et la coopération sous le drapeau du multilatéralisme et de travailler main dans la main à bâtir une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Comme le Président Xi Jinping l’a indiqué, « Dans les turbulences d’une crise planétaire, les plus de 190 pays du monde ne sont pas à bord de leurs petits bateaux respectifs, mais partagent heur et malheur à bord d’un même navire géant. Les petits bateaux ne tiennent pas devant les orages, mais un grand navire peut affronter les vagues déferlantes. »

La première urgence est de préserver la paix. La paix est le préalable et la base du développement. Nous devons poursuivre la vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, rejeter les idées de sécurité exclusive et de sécurité absolue, et œuvrer fermement à faire cesser les conflits par les négociations, à régler les différends par le dialogue et à renforcer la confiance mutuelle par la coopération, afin de construire ensemble un monde de paix durable.

Deuxièmement, il faut promouvoir la solidarité. C’est la diversité qui fait la splendeur de notre monde. Les différences ne doivent pas être une raison de confrontation. Nous devons porter le véritable multilatéralisme, faire rayonner les valeurs communes de l’humanité, nous opposer à l’hégémonisme, à la politique du plus fort et à la politique des blocs, préserver le système international centré sur l’ONU et les normes fondamentales régissant les relations internationales fondées sur les buts de la Charte des Nations Unies, et faire progresser le système de gouvernance mondiale dans un sens plus équitable et plus raisonnable.

Troisièmement, il faut poursuivre l’ouverture. La mondialisation économique est la tendance de notre époque. Elle est indépendante de la volonté humaine et ne s’arrête pas devant la compétition géopolitique. Nous devons combattre toutes formes de protectionnisme et d’isolationnisme, préserver résolument le système de commerce multilatéral libre, équitable et non discriminatoire, démolir les « petites cours avec de hauts murs » et bâtir ensemble un marché ouvert.

Quatrièmement, il faut renforcer la coopération. Face aux défis planétaires, aucun pays ne peut se mettre à l’écart ni s’en sortir tout seul. Nous devons agir solidairement pour surmonter ensemble les difficultés, et renforcer les échanges et la coordination concernant les dossiers planétaires tels que la COVID-19, le terrorisme, le changement climatique et la cybersécurité, afin de trouver le plus grand consensus et la plus grande convergence d’intérêts.

Dans un monde en turbulences et en transformations, la Chine est toujours un stabilisateur et une énergie positive et se tient toujours du bon côté de l’Histoire. Nous continuerons à nous guider par une vision mondiale, à assumer nos devoirs, à porter indéfectiblement le drapeau de la paix, du développement et de la coopération gagnant-gagnant, à promouvoir la construction d’un nouveau type de relations internationales et de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et à travailler main dans la main avec toutes les forces progressistes dans le monde au développement partagé et à un avenir commun.

RIA Novosti : Comment la pression croissante des sanctions collectives imposées par le monde occidental à la Russie pourrait influencer le futur développement des relations entre la Russie et la Chine ?

Wang Yi : La Chine et la Russie sont membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Elles sont l’une pour l’autre le voisin proche et le partenaire stratégique le plus important. La relation sino-russe est l’une des relations bilatérales clé dans le monde. Notre coopération contribue non seulement au bien-être des peuples chinois et russe, mais aussi à la paix, à la stabilité et au développement dans le monde.

L’année dernière, les deux parties ont commémoré ensemble le 20e anniversaire de la signature du Traité de bon voisinage et de coopération d’amitié sino-russe. Dans un environnement stratégique international de plus en plus complexe, l’esprit d’amitié éternelle et de coopération gagnant-gagnant que le Traité incarne revêt une grande signification positive et inspirante non seulement pour la Chine et la Russie, mais aussi pour tous les autres pays du monde.

Je tiens à souligner que les relations sino-russes portent la valeur de l’indépendance, se fondent sur le non-alignement et la non-confrontation, ne visent aucune partie tierce ni ne se soumettent aux perturbations et instigations d’une tierce partie. Ces principes viennent du bilan des expériences historiques et sont une innovation dans les relations internationales. Le mois dernier, les deux pays ont publié la Déclaration conjointe sur les relations internationales entrant dans la nouvelle ère et le développement durable mondial, dans laquelle ils ont affirmé clairement au monde leur position de s’opposer au retour à la mentalité de la guerre froide et à l’incitation à la confrontation idéologique, de favoriser la démocratisation des relations internationales et de préserver les buts et principes de la Charte des Nations Unies.

Les relations sino-russes suivent une logique historique claire et possèdent une forte dynamique intrinsèque. L’amitié entre les deux peuples est très solide, et la coopération entre les deux pays, prometteuse. Quelque difficile que soit la situation internationale, la Chine et la Russie resteront inébranlables sur le plan stratégique et continueront de développer sans cesse leur partenariat de coordination stratégique global dans l’ère nouvelle.

Agence Xinhua : Ces derniers jours, la Chine a évacué des ressortissants chinois en Ukraine. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Wang Yi : Avec l’escalade de la tension en Ukraine, la sécurité de chacun de nos compatriotes en Ukraine tient à cœur au Comité central du PCC et au Conseil des Affaires d’État. Le Secrétaire général Xi Jinping y  accorde une haute attention. Il s’est informé plusieurs fois de l’évolution de la situation et a demandé que tout soit mis en œuvre pour assurer la sécurité des ressortissants chinois. Notre Ministère a déclenché le mécanisme de réponse d’urgence de la protection consulaire. Nous restons en communication par voie diplomatique avec l’Ukraine, la Russie et les autres pays de la région et avons publié des alertes et avis de sécurité à l’intention de nos compatriotes en Ukraine.

Après le changement brusque de la situation sur le terrain, nous avons organisé en urgence la mise à l’abri de nos compatriotes et sommes venus en aide rapidement à ceux en difficulté. Dans le même temps, nous avons saisi les fenêtres d’opportunité qui se sont présentées pendant le conflit pour organiser des évacuations d’urgence. Nos diplomates de l’Ambassade en Ukraine et du Consulat général à Odessa sont allés plusieurs fois en ligne de front afin d’ouvrir des corridors de sécurité pour l’évacuation de nos compatriotes. Nos Ambassades dans les pays voisins sont restées pleinement mobilisées jours et nuits pour l’accueil et le transport de nos compatriotes. Les différents départements et autorités locales en Chine ont travaillé en étroite coordination et envoyé rapidement plusieurs vols charters pour rapatrier progressivement nos ressortissants depuis l’Europe.

Au cours des efforts de mise à l’abri et d’évacuation de ressortissants chinois, nous avons bénéficié d’un concours bienveillant du gouvernement ukrainien et de différents milieux de la société ukrainienne, ainsi que d’un soutien précieux de la Russie, de la Moldavie, de la Roumanie, de la Pologne, de la Hongrie, de la Slovaquie, du Bélarus et d’autres pays. Nous mesurons par là toute leur amitié envers le peuple chinois. Au nom de la partie chinoise, je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux gouvernements et peuples de ces pays.

Au cours des opérations d’évacuation, la communauté chinoise locale, les étudiants et les entreprises chinois en Ukraine et dans les pays voisins se sont pleinement mobilisés et se sont témoigné mutuellement de soutien, faisant preuve une fois encore de l’esprit de solidarité du peuple chinois face aux difficultés. Je voudrais exprimer ici toute ma solidarité à nos compatriotes.

À l’heure actuelle, à cause de la situation sur le terrain ou pour des raisons personnelles, certains de nos compatriotes sont toujours en Ukraine. Nos pensées sont avec eux. Nous resterons en contact permanent avec eux et leur apporterons toute l’assistance possible pour répondre à leurs besoins.

Le monde n’est pas tranquille. Un internaute a écrit dans son message : « Nous ne vivons pas dans un monde en paix, mais nous avons la chance d’avoir une patrie en paix. » Servir le peuple est un engagement constant de la diplomatie chinoise. Par des actions concrètes, nous continuerons de montrer à chacun de nos compatriotes en outre-mer qu’à quel moment que ce soit et où que vous soyez, nous sommes à vos côtés et que la patrie est derrière vous.

NBC : Les partis démocrate et républicain américains sont déjà convenus de renforcer la compétition avec la Chine sur tous les plans, craignez-vous une dégradation continue des relations sino-américaines ?

Wang Yi : Depuis l’année dernière, le Président Xi Jinping et le Président Joe Biden ont tenu un entretien en visioconférence et deux au téléphone, et les deux parties ont également mené des dialogues et échanges à différents niveaux. Des dirigeants et officiels de haut rang des États-Unis ont successivement affirmé que la partie américaine ne cherchait pas une nouvelle guerre froide, qu’elle ne cherchait pas à changer le système de la Chine, que la revitalisation de ses alliances n’était pas anti-Chine, qu’elle ne soutenait pas l’« indépendance de Taiwan » et qu’elle n’avait pas l’intention d’entrer en conflit ni en confrontation avec la Chine. Ce qui est regrettable, c’est que ces déclarations restent toujours des mots vains et les actions se font toujours attendre. La réalité est que la partie américaine ne ménage aucun effort pour mener une compétition intense à somme nulle avec la Chine. Elle cherche constamment à provoquer la Chine sur les questions touchant à ses intérêts vitaux et à former de petits clans dans le monde pour contenir la Chine. Ces actes ont non seulement porté atteinte à l’intérêt général des relations sino-américaines, mais aussi impacté et entravé la paix et la stabilité dans le monde. Ce n’est pas ce que doit faire un grand pays responsable ou un pays crédible. La Chine est un pays souverain et indépendant. Nous avons tout à fait le droit de prendre des mesures nécessaires pour défendre résolument nos droits et intérêts légitimes.

La Chine est d’avis que la compétition entre grands pays n’est pas le thème de notre époque et que le jeu à somme nulle n’est pas le bon choix. Dans un monde globalisé et interdépendant, comment la Chine et les États-Unis peuvent trouver la bonne voie pour s’entendre comme il faut est non seulement une nouvelle question pour l’humanité, mais aussi une équation que les deux pays doivent résoudre ensemble.

Cette année marque le 50e anniversaire de la publication du Communiqué de Shanghai. Dans le passé, la Chine et les États-Unis, attachés à l’esprit de la recherche d’un terrain d’entente par-delà les divergences, ont remplacé la confrontation par la coopération pour contribuer au bien-être de leurs peuples ainsi qu’à la paix et à la prospérité dans le monde. À l’avenir, les deux parties devront remettre en avant l’engagement initial qui a permis de dégeler leurs relations il y a 50 ans et prendre un nouveau départ. Nous devons remplacer le triptyque « compétition-coopération-confrontation » par le triple principe de « respect mutuel, coexistence pacifique, coopération gagnant-gagnant », et travailler à remettre la politique chinoise des États-Unis sur les bons rails de la raison et du pragmatisme, et à ramener les relations sino-américaines sur la voie du développement sain et stable.

Agence EFE : Pensez-vous que le rapprochement continu entre la Chine et la Russie et la crise ukrainienne affecteront les relations sino-européennes ?

Wang Yi : La Chine et l’Europe sont deux grandes forces qui défendent la paix mondiale, deux grands marchés qui contribuent au développement commun et deux grandes civilisations qui œuvrent au progrès de l’humanité. Les relations sino-européennes ne visent aucune partie tierce, ne se subordonnent à une tierce partie ni ne dépendent d’une tierce partie. Le développement du dialogue et de la coopération entre la Chine et l’Europe sur la base du respect mutuel et du bénéfice mutuel apportera plus de stabilité à la situation internationale en turbulences.

L’année dernière, la coopération sino-européenne a porté des fruits encourageants. Pour n’en donner que deux exemples : le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’UE a pour la première fois dépassé 800 milliards de dollars américains, illustrant pleinement leur grande complémentarité sur les plans économique et commercial ; Plus de 15 000 convois ont été expédiés sur les lignes de fret Chine-Europe, en hausse de 29% par rapport à 2020, jouant un rôle actif dans la coopération sanitaire internationale, la stabilisation des chaînes industrielles et d’approvisionnement et la reprise de l’économie mondiale.

Pourtant, certaines forces ne veulent pas voir un développement stable des relations sino-européennes. Elles montent de toutes pièces la « menace de la Chine », font tapage autour de la compétition avec la Chine, la dépeignent comme « rival systémique », voire incitent aux sanctions et à la confrontation. La Chine et l’Europe doivent être hautement vigilantes à cet égard. La coopération sino-européenne, qui a traversé des épreuves dans les décennies passées, s’enracine dans le soutien solide de leurs peuples, les larges intérêts communs et les revendications stratégiques similaires. Elle possède une forte résilience et une grande potentialité. Elle ne sera ni ne pourra être renversée par aucune force. 

La Chine voit depuis toujours ses relations avec l’Europe dans une perspective stratégique de long terme. La politique européenne de la Chine est ferme et constante. Elle ne changera pas pour des raisons circonstancielles. Nous continuerons de soutenir l’indépendance et l’autonomie de l’Europe et une UE unie et prospère. Dans le même temps, nous espérons que l’Europe pourra avoir une perception plus indépendante et plus objective de la Chine, appliquer une politique chinoise pragmatique et positive, s’opposer ensemble avec la Chine à la tentation d’une « nouvelle guerre froide », défendre et poursuivre le véritable multilatéralisme.

Pour la prochaine étape, les deux parties doivent travailler au succès du Sommet Chine-UE et d’autres agendas politiques importants, renforcer les échanges stratégiques, élargir la coopération pragmatique, promouvoir la coordination multilatérale, approfondir les échanges humains et culturels, gérer adéquatement les divergences et conjuguer leurs efforts pour apporter une contribution plus grande et plus concrète au monde.

Radio Chine Internationale : Selon certains, pour des raisons comme la COVID-19, la dynamique de l’Initiative « la Ceinture et la Route » semble s’affaiblir. Qu’en pensez-vous ?

Wang Yi : Malgré les impacts causés notamment par la COVID-19, la dynamique de la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » se poursuit.

L’année dernière, la connectivité en termes d’infrastructures a progressé solidement. Le chemin de fer Chine-Laos, le nouveau port de Haïfa en Israël et d’autres projets majeurs se sont accomplis dans d’heureuses conditions. La construction ou l’opération des projets comme le corridor économique Chine-Pakistan, le port du Pirée, la ligne de grande vitesse Jakarta-Bandung, le chemin de fer Hongrie-Serbie ont avancé de manière solide. Les lignes de fret Chine-Europe ont vu le nombre de convois et le volume de fret battre leur record, ce qui a donné une forte impulsion à la reprise économique de différents pays.

La connectivité en termes de règles et normes a porté des résultats remarquables. Depuis le début de 2021, dix pays ont signé avec la Chine des documents de coopération sur l’Initiative « la Ceinture et la Route », portant à 180 le nombre total des membres de la grande famille « la Ceinture et la Route ». Nous avons organisé avec succès la Conférence de haut niveau de l’Asie-Pacifique sur la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». L’Initiative pour le partenariat « la Ceinture et la Route » sur les vaccins et l’Initiative pour le partenariat « la Ceinture et la Route » sur le développement vert ont reçu un large soutien.

La connectivité en termes d’échanges entre les peuples marquée par la solidarité ne cesse de s’approfondir. Nous avons fait notre mieux pour accompagner les différents pays dans leur lutte sanitaire et développer la production conjointe de vaccins avec 20 pays en développement. La plupart des pays bénéficiaires sont partenaires de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». Un grand nombre de projets, petits mais beaux, sont solidement mis en œuvre, contribuant à l’augmentation des revenus et du niveau de vie des populations dans les pays partenaires.

Tous ces faits démontrent pleinement que la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » attire des partenaires toujours plus nombreux, se dote d’une base toujours plus solide et a devant elle des horizons toujours plus vastes. Elle ouvrira certainement de nouvelles perspectives de développement pour le monde de l’après-COVID-19.

Dans l’avenir, nous travaillerons, à la lumière des principes avancés par le Président Xi Jinping lors du 3e Séminaire sur l’Initiative « la Ceinture et la Route » en 2021 et ensemble avec la communauté internationale, à poursuivre la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », afin d’élever le niveau de la coopération, de réaliser plus de rendements, de renforcer la qualité de l’approvisionnement et de rendre le développement plus résilient, de sorte à faire de « la Ceinture et la Route » une ceinture de développement au bénéfice du monde entier et une route de bonheur pour tous les peuples.

Lianhe Zaobao : Comment la Chine voit-elle les notions de la « région Indopacifique » et du « Quad » ? Quels sont leurs impacts sur la région ?

Wang Yi : La « stratégie Indopacifique » des États-Unis est en passe de devenir le synonyme de la politique des blocs. Les États-Unis parlent de la promotion de la coopération régionale, mais jouent en réalité le jeu des rivalités géopolitiques. Ils clament le retour au multilatéralisme, mais créent en réalité des « clubs » exclusifs. Ils prétendent préserver les règles internationales, mais cherchent en réalité à imposer les règles qui leur conviennent. Du renforcement des « Five eyes » à la promotion du « Quad », de la création d’AUKUS au resserrement des alliances militaires bilatérales, les États-Unis ont mis en place en Asie-Pacifique un schéma « 5-4-3-2 ». Cela n’apporte rien de bon, mais compromet la paix et la stabilité dans la région.

Le vrai objectif de la « stratégie Indopacifique » est de créer une version indopacifique de l’OTAN. Elle vise à défendre le système hégémonique dominé par les États-Unis, bouleverse l’architecture de coopération régionale centrée sur l’ASEAN et nuit aux intérêts collectifs et de long terme des pays de la région. Ces actes vont à l’encontre de l’aspiration commune des pays de la région à la paix, au développement, à la coopération et au bénéfice partagé. Ils sont voués à l’échec.

L’Asie-Pacifique est une terre prometteuse pour la coopération et le développement, et non un échiquier des jeux géopolitiques. Depuis toujours, la Chine s’enracine en Asie-Pacifique, et œuvre à son développement et à sa prospérité. Nous accueillons favorablement toute initiative adaptée aux réalités régionales et qui réponde aux besoins des différentes parties, et rejetons fermement toute proposition qui attise la confrontation et crée des blocs divisés dans la région. La Chine invite toutes les parties à faire preuve de discernement et à poursuivre la bonne voie. Ensemble, nous rejetterons les tentatives de créer de « petits cercles » en « Indopacifique » et ferons de l’Asie-Pacifique une plateforme de coopération inclusive, en vue d’une communauté d’avenir partagé Asie-Pacifique.

Quotidien du Peuple : Pourriez-vous nous parler des dernières avancées de la mise en œuvre de l’Initiative pour le Développement mondial ?

Wang Yi : La COVID-19 a porté un coup dur au processus de développement mondial, et les pays en développement en sont particulièrement touchés. Dans ce contexte, le Président Xi Jinping a lancé solennellement aux Nations Unies l’Initiative pour le Développement mondial, dans le but d’appeler les différents pays à accorder de l’importance à la question du développement et à former une synergie pour affronter les défis.

Ce qui est au cœur de l’Initiative pour le Développement mondial, c’est de mettre le peuple par-dessus tout. Son plus grand objectif est de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Très adaptée aux besoins des différentes parties, cette initiative a reçu rapidement le soutien des Nations Unies et de près de 100 pays dans le monde. En janvier dernier, le Groupe des amis de l’Initiative pour le Développement mondial s’est réuni pour la première fois au siège de l’ONU à New York avec la participation des représentants de plus de cent pays et de plus de vingt organisations internationales, ce qui a permis d’obtenir un plus large consensus international sur la mise en œuvre de cette initiative.

La Chine est toujours d’avis que le bon développement est un développement durable, et que le vrai développement est un développement pour tous. Nous entendons travailler avec les différentes parties pour favoriser, autour de quatre axes, la mise en œuvre de cette initiative étape par étape.

Premièrement, coopérer dans les domaines prioritaires. Il faut, dans la promotion de la coopération pragmatique, mettre l’accent sur les questions les plus pressantes auxquelles font face les pays en développement dont la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, la reprise économique, l’emploi, la formation, l’éducation, la santé et le développement vert, en vue de contribuer à la réalisation dans les délais prévus des 17 objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

Deuxièmement, répondre aux besoins de tous les pays. Il faut poursuivre l’esprit d’un partenariat ouvert et inclusif et respecter les principes d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés. Nous serons heureux de voir les différentes parties participer à l’Initiative pour le Développement mondial de manière flexible en fonction de leurs besoins réels et de leurs atouts.

Troisièmement, promouvoir la synergie avec les mécanismes de coopération. Nous entendons coopérer avec toutes les organisations internationales et régionales qui s’y intéressent, notamment le système onusien, renforcer la synergie avec les processus de développement des petits États insulaires, des pays sans littoral et des pays les moins avancés et faire valoir les atouts de chacun en vue de former une synergie mondiale.

Quatrièmement, favoriser l’engagement des partenaires de tous les milieux. Il faut accorder une grande importance au rôle du secteur privé, des ONG, des experts, des think-tanks et des médias dans la mise en œuvre du Programme 2030. Nous serons heureux de voir les différents milieux avancer leurs propositions et participer activement à cette initiative.

En somme, l’Initiative pour le Développement mondial est une nouvelle initiative majeure lancée par le Président Xi Jinping après l’Initiative « la Ceinture et la Route ». C’est une « remobilisation » de la coopération internationale pour le développement et une réaffirmation de la primauté du peuple, notion qui est au cœur des droits de l’homme. Elle constitue une feuille de route pour la réduction du fossé Nord-Sud et le règlement des inégalités de développement, de même qu’un accélérateur pour la mise en œuvre du Programme 2030. Nous sommes prêts à travailler avec les différents pays à explorer activement des pistes pour une mise en œuvre effective de cette initiative, pour qu’aucun pays ne soit laissé pour compte, qu’aucune attente ne soit négligée et que personne ne soit oublié, de sorte à construire ensemble une communauté d’avenir partagé pour le développement mondial.

CNA : En 2021, la Chine et l’ASEAN ont célébré le 30e anniversaire de leurs relations de dialogue. Comment la Chine envisage-t-elle d’approfondir ses relations avec l’ASEAN ?

Wang Yi : Il y a 30 ans, la Chine et l’ASEAN ont établi des relations de dialogue, devenant des pionniers dans la coopération régionale. 30 ans après, elles ont instauré le Partenariat stratégique global, donnant un bel exemple de bon voisinage. Depuis 30 ans, la Chine et l’ASEAN ont su profiter des opportunités offertes par le courant de l’époque, de la proximité géographique et de l’affinité entre peuples pour tracer ensemble une voie radieuse de bon voisinage et de coopération gagnant-gagnant et créer le modèle de coopération régionale le plus dynamique et qui recèle le plus de potentialités.

Les relations Chine-ASEAN n’ont pas de limites et seront toujours plus étroites. À l’avenir, la Chine travaillera ensemble avec les pays de l’ASEAN, à garder à l’esprit leur engagement initial de préserver la stabilité et la tranquillité, à assumer la mission commune de réaliser le développement partagé et à faire valoir les principes de la compréhension mutuelle et de l’entraide entre voisins, pour que les relations Chine-ASEAN avancent rapidement comme les trains sur le chemin de fer Chine-Laos et enregistrent plus de progrès dans la construction d’une communauté d’avenir partagé Chine-ASEAN encore plus solide, au grand bénéfice des peuples des deux côtés.

La Chine et l’ASEAN doivent être promoteurs de la coopération internationale contre la COVID-19. Les deux parties doivent approfondir leur coopération notamment dans les domaines de la production conjointe des vaccins et de la R&D des médicaments clés, pour rendre infaillible le « bouclier de la santé » qu’elles ont forgé ensemble, assurer la fluidité des « voies rapides » et des « corridors verts », et protéger effectivement la vie et la santé des peuples de la région.

La Chine et l’ASEAN doivent être pionniers de la coopération régionale. Les deux parties doivent œuvrer à l’application intégrale et effective de l’Accord du Partenariat économique régional global, lancer au plus tôt la construction de la version 3.0 de la zone de libre-échange Chine-ASEAN, élargir leur coopération maritime, verte, de l’économie numérique et dans d’autres domaines émergents, construire ensemble le Nouveau corridor commercial international terre-mer et faire de leur coopération la nouvelle référence de la coopération régionale.

La Chine et l’ASEAN doivent être défenseurs de la stabilité en Asie-Pacifique. La paix, la stabilité et la prospérité représentent l’aspiration commune des pays de la région. L’Asie-Pacifique n’est pas un échiquier pour les rapports de forces entre grands pays. Les pays de l’ASEAN ne sont pas des pions dans les rivalités géopolitiques, mais des acteurs importants pour la promotion du développement et de la prospérité dans la région. La Chine continuera de faire de l’ASEAN une priorité de sa diplomatie, de sauvegarder résolument l’architecture de coopération régionale centrée sur l’ASEAN, de préserver le statut de zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et de défendre la paix et la stabilité régionales. La Chine soutient les efforts de l’ASEAN pour offrir des bons offices de sa propre manière sur les dossiers d’actualité régionale et s’oppose à l’attisement de l’opposition entre blocs, de la division ou de la confrontation dans la région.

Kyodo News : Cette année marque le 50e anniversaire de la normalisation des relations entre la Chine et le Japon. Comment voyez-vous les relations sino-japonaises de la nouvelle ère ?

Wang Yi : Cette année marque le 50e anniversaire de la normalisation des relations entre la Chine et le Japon. C’est une occasion importante pour les deux parties de faire un bilan de l’histoire et de bâtir ensemble l’avenir. Il y a 50 ans, dans le but de réaliser la paix et l’amitié entre les deux pays, les dirigeants chinois et japonais de l’ancienne génération ont pris, avec un courage politique énorme, la décision majeure de normaliser les relations sino-japonaises. Depuis 50 ans, les échanges et coopérations entre les deux pays n’ont cessé de s’élargir, apportant des bénéfices considérables aux deux peuples. L’année dernière, les dirigeants des deux pays sont parvenus à un consensus important sur la construction d’une relation sino-japonaise adaptée aux exigences de la nouvelle ère, indiquant l’orientation à suivre pour le développement de cette relation.

Dans le même temps, nous devons être conscients des divergences et défis auxquels les relations sino-japonaises sont confrontées. Certains au Japon ne veulent pas voir le développement rapide de la Chine ni la stabilité des relations sino-japonaises. À cette occasion, j’ai trois conseils à donner à la partie japonaise :

Premièrement, rester fidèle à l’engagement initial pour tenir le bon cap des relations sino-japonaises. Il faut observer effectivement les principes et l’esprit des quatre documents politiques sino-japonais et mettre en œuvre les consensus importants selon lesquels les deux pays « sont l’un pour l’autre un partenaire et non une menace » et « doivent soutenir le développement pacifique de part et d’autre », de manière que les relations sino-japonaises progressent toujours dans le sens de la paix et de l’amitié.

Deuxièmement, honorer les engagements pour préserver le fondement politique des relations sino-japonaises. Les grands dossiers sensibles comme les questions historiques et la question de Taiwan mettent en jeu le fondement de la confiance mutuelle entre les deux pays. Sans un fondement solide, tout ce qui se trouve au-dessus ne tiendra pas. Nous espérons que la partie japonaise honorera effectivement tous les engagements solennels qu’elle a pris jusqu’à présent sur ces questions pour éviter de nouveaux coups durs aux relations bilatérales.

Troisièmement, suivre la tendance de l’histoire pour ouvrir ensemble de vastes perspectives aux relations sino-japonaises. La multipolarisation du monde et la démocratisation des relations internationales prennent la place de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme, telle est la tendance irrésistible de l’histoire. Les pratiques d’alignement à l’époque de la guerre froide et de confrontation géopolitique n’ont plus aucun soutien. Nous espérons que la partie japonaise pourra suivre la tendance de l’époque et non faire le contraire, qu’elle ne tirera les marrons du feu pour les autres ni n’agira au détriment de ses voisins, et qu’elle tirera effectivement les enseignements de l’histoire, se tournera vers l’avenir et apportera sa part de contribution à la paix, à la stabilité et au développement dans la région.

China News Service : L’année dernière, le Ministère des Affaires étrangères a fait un travail considérable pour venir en aide aux ressortissants chinois en difficulté à l’étranger. Quelles sont les mesures que vous prendrez cette année pour mettre en œuvre la diplomatie au service du peuple ?

Wang Yi : L’année 2021 était une année difficile pour les ressortissants chinois à l’étranger. L’épidémie de COVID-19, les catastrophes naturelles, les instabilités politiques ou les conflits armés menaçaient la sécurité de nos compatriotes à l’étranger qui tenait à cœur à tous les Chinois. S’il y a des ressortissants chinois qui ne peuvent pas rentrer au pays pour le moment, nous leur apporterons la chaleur familiale. Depuis un an, le Ministère et nos ambassades et consulats se sont pleinement mobilisés pour déployer à l’échelle mondiale le programme « Pousse de printemps » qui a permis de vacciner plusieurs millions de nos compatriotes dans 180 pays contre la COVID-19. Le numéro vert 12308, ouvert 24h sur 24, a reçu plus de 500 000 appels et traité plus de 60 000 cas de protection et d’assistance consulaires. Plusieurs dizaines de Chinois pris en otage ont pu être libérés et tous les efforts ont été déployés pour préserver la vie, la sécurité ainsi que les droits et intérêts légitimes de nos compatriotes à l’étranger. Grâce à nos efforts inlassables, quelques jours avant la fête nationale, Mme Meng Wanzhou est rentrée en Chine saine et sauve après plus de 1 000 jours de détention illégale. « Si la conviction a une couleur, ce sera le rouge chinois. » Voilà qui résonne la voix de 1,4 milliard de Chinois.

Servir le peuple et répondre à ses préoccupations, tel est le devoir qui incombe à la diplomatie chinoise. La diplomatie chinoise continuera de placer le peuple au centre de toutes ses actions pour répondre aux attentes du peuple chinois et préserver les intérêts des compatriotes chinois à l’étranger. Cette année, nous concentrerons nos efforts dans trois domaines :

Premièrement, développer une plateforme de services consulaires intelligents pour proposer davantage de services en ligne et perfectionner les services consulaires numérisés et disponibles 24h sur 24.

Deuxièmement, construire un mécanisme de la protection des ressortissants et des intérêts chinois en outre-mer, renforcer le service d’alerte aux risques de sécurité en outre-mer, accompagner les entreprises opérant à l’étranger dans le renforcement de leur sécurité et offrir à nos compatriotes d’outre-mer des garanties de sécurité plus effectives et plus efficaces.

Troisièmement, lancer un plan de voyager en sûreté et sans entrave, mettre en place une version perfectionnée de la « voie rapide » pour faciliter les déplacements de personnes et du « certificat de santé pour les voyages internationaux » pour que les voyages internationaux soient sûrs, sains et commodes.

Yonhap News Agency : Quels sont les plans de la Chine pour relancer le processus de règlement politique de la question nucléaire de la Péninsule coréenne ? La Chine et la République de Corée célébreront prochainement les 30 ans de leurs relations diplomatiques. Comment la Chine envisage-t-elle de développer ses relations avec la République de Corée ?

Wang Yi : Comme le dit un vieil adage chinois, « nous devons nous attaquer aux racines des problèmes pour guérir une maladie ou pour corriger une erreur ». La racine de la question de la Péninsule coréenne réside dans le fait que les menaces sécuritaires extérieures pesant sur la RPDC ne sont pas réglées depuis longtemps et que ses préoccupations sécuritaires légitimes sont restées toujours sans solution.

Pour régler la question de la Péninsule coréenne, les différentes parties doivent faire des pas les unes vers les autres. Depuis 2018, la RPDC a pris un train de mesures pour favoriser le dialogue, sans pouvoir obtenir jusqu’ici une récompense méritée. Cela ne correspond pas au principe dit d’« action contre action » qui est pourtant un consensus des différentes parties. Ce qui a exacerbé davantage le déficit de confiance déjà sévère entre la RPDC et les États-Unis. Les différentes propositions de dialogue sont devenues des slogans creux.

Nous avons noté que la partie américaine avait déclaré ouvertement ces derniers temps qu’elle n’avait pas d’hostilité envers la RPDC et entendait résoudre les problèmes par des moyens diplomatiques. Cela mérite d’être reconnu. L’évolution de la situation dépend en grande partie de ce que feront les États-Unis : prendre réellement des actions concrètes pour régler la question de la Péninsule coréenne ou continuer de l’utiliser comme monnaie d’échange géostratégique.

Nous appelons une fois de plus les États-Unis à prendre des mesures concrètes pour régler les préoccupations sécuritaires légitimes de la RPDC, à établir une confiance mutuelle nécessaire avec elle, à faire avancer sans cesse, dans une approche à double voie et selon le principe dit « prendre des actions synchronisées et étape par étape », le processus de règlement politique de la question de la Péninsule coréenne. La Chine entend continuer de jouer un rôle constructif et d’y apporter sa part de contribution.

Quant aux relations entre la Chine et la République de Corée, les deux pays sont des amis et voisins qui partagent un lien historique profond. Comme le disent souvent les Chinois, « mieux vaut un voisin proche qu’un parent éloigné ». En République de Corée, on dit que « si une maison s’achète à trois wons, un voisin vaut plus que 50 kilos d’or ». Cette année marque le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Au cours des 30 dernières années, ces relations ont su résister aux aléas de tout genre et réalisé un développement rapide sur tous les plans. Comme les faits l’ont prouvé, la Chine et la République de Corée ne sont pas des adversaires, mais des partenaires qui possèdent des intérêts convergents, des atouts complémentaires et un énorme potentiel de coopération. Nous entendons saisir ensemble avec la République de Corée les opportunités offertes par le 30e anniversaire de nos relations diplomatiques pour valoriser l’amitié traditionnelle, approfondir la coopération mutuellement bénéfique et réaliser un meilleur développement commun.

Khabar 24 News Channel : Cette année marque le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et les pays de l’Asie centrale. Quelles mesures prendra la Chine pour concrétiser les objectifs fixés lors du sommet virtuel qu’elle a tenu avec les cinq pays de l’Asie centrale pour célébrer cet anniversaire ?

Wang Yi : 2022 est une année de grands événements pour les relations entre la Chine et l’Asie centrale. Au début de cette année, le Président Xi Jinping et les dirigeants des cinq pays de l’Asie centrale se sont réunis en sommet virtuel pour célébrer solennellement le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux parties. Peu après, ils se sont retrouvés à Beijing à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver.

La Chine est toujours d’avis qu’une Asie centrale développée, prospère, stable et dynamique est dans l’intérêt commun de la Chine et des pays de la région. La Chine poursuivra les principes du respect mutuel, du bon voisinage, de la solidarité face aux épreuves et du bénéfice partagé, œuvrera à bâtir des partenariats stratégiques riches en contenu et en fruits et marqués par une amitié pérenne en vue de faire avancer sans cesse la construction d’une communauté d’avenir partagé Chine-Asie centrale. 

Les relations entre la Chine et les pays de l’Asie centrale, à l’âge d’or de 30 ans, ont devant elles des perspectives prometteuses de développement vigoureux. La Chine entend travailler avec eux pour mettre en œuvre effectivement les acquis du sommet célébrant le 30e anniversaire de leurs relations diplomatiques, consolider et renforcer les mécanismes de coopération Chine+cinq pays de l’Asie centrale, élargir et approfondir leur coopération dans les domaines de la riposte sanitaire, des capacités de production, de l’énergie, de l’agriculture, des échanges humains et culturels, de l’économie numérique, du développement vert et autres, et se soutenir fermement sur les questions touchant aux intérêts vitaux de part et d’autre, en vue de bâtir une communauté d’avenir partagé Chine-Asie centrale encore plus solide et ouvrir trois nouvelles décennies encore plus fructueuses pour leurs relations.

Global Times : Le « Sommet pour la démocratie » convoqué l’année dernière par les États-Unis n’a pas réussi aux yeux de tous. Mais ils ont annoncé qu’ils organiseraient cette année une nouvelle édition en présentiel. Comment y répondez-vous ?

Wang Yi : L’année dernière, les États-Unis ont organisé au nom de la démocratie le prétendu « Sommet pour la démocratie ». Ils ont exclu près de la moitié des pays du monde, prôné ouvertement le clivage idéologique et créé la division dans le monde. Cela est en soi une violation de l’esprit de la démocratie. L’initiative d’un nouveau sommet de ce genre n’aura pas de soutien.

La démocratie du peuple dans tout le processus poursuivie en Chine est une démocratie ample, réelle et utile et bénéficie de l’adhésion et du soutien sincères du peuple chinois. Selon le rapport publié en janvier dernier par la société Edelman, le numéro un mondial dans le domaine du conseil en relations publiques, en 2021, 91% des Chinois sondés avaient confiance en le gouvernement chinois. La Chine a conservé sa première place dans le monde avec ce chiffre record depuis dix ans. Les sondages de l’Université Harvard ont donné des résultats similaires pendant plusieurs années consécutives. Le monde reconnaît la démocratie de la Chine. Nous sommes pleinement confiants dans notre propre voie.

Comme les civilisations humaines sont multicolores, les démocraties doivent aussi se développer dans la diversité. Définir des « critères de la démocratie » sur le modèle américain est une pratique qui n’a rien de démocratique. S’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui sous le couvert de la démocratie ne fera que nuire aux peuples. Prétendre à la supériorité absolue n’a rien à voir avec la démocratie, et pire encore, c’est une catastrophe pour la démocratie.

Nous espérons développer des échanges et l’inspiration mutuelle avec tous les pays sur un pied d’égalité pour faire rayonner le véritable esprit démocratique, démasquer toute forme de pseudo-démocratie, promouvoir effectivement la démocratisation des relations internationales et contribuer sans cesse au progrès de l’humanité.

Bloomberg : Quelles sont les similarités et différences entre la question ukrainienne et la question de Taiwan ? Comment voyez-vous la possibilité d’un conflit au Détroit de Taiwan à l’heure actuelle ?

Wang Yi : D’abord, une chose à clarifier : la question de Taiwan et la question ukrainienne sont différentes par nature et ne sont nullement comparables l’une à l’autre. La différence la plus fondamentale est que Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois et la question de Taiwan relève complètement des affaires intérieures de la Chine, tandis que la question ukrainienne est un différend entre la Russie et l’Ukraine qui sont deux États. Certains soulignent le principe de la souveraineté sur la question ukrainienne, mais ne cessent de compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine sur la question de Taiwan. C’est le deux poids deux mesures pur et simple.

La situation dans le Détroit de Taiwan fait face à des tensions, parce que les autorités du Parti démocrate-progressiste refusent de reconnaître le principe d’une seule Chine, tentent de changer le statu quo de l’appartenance des deux rives du détroit à une seule Chine, et cherchent par tous les moyens à créer « deux Chine » et « une Chine, un Taiwan » pour déformer l’histoire de Taiwan et déraciner Taiwan de ses origines. Cela finira par ruiner l’avenir de Taiwan. Certaines forces aux États-Unis, dans le but d’endiguer le redressement de la Chine, ont toléré voire encouragé le développement des forces visant l’« indépendance de Taiwan » et cherché à défier et à vider le principe d’une seule Chine. C’est une violation flagrante des normes fondamentales régissant les relations internationales et une grave atteinte à la paix et à la stabilité dans le Détroit de Taiwan. Ce qu’elles ont fait non seulement mettra Taiwan en danger, mais aussi apportera des conséquences insupportables à la partie américaine.

Je tiens à souligner que les deux rives du détroit partagent la même histoire et culture et appartiennent à une seule Chine. L’avenir et l’espoir de Taiwan résident dans le développement pacifique des relations inter-détroit et la réalisation de la réunification avec la partie continentale, et non dans les promesses vaines des forces extérieures. S’appuyer sur le soutien étranger pour obtenir l’« indépendance » mène à l’impasse, et toutes les tentatives d’utiliser Taiwan pour contenir la Chine sont vouées à l’échec. Taiwan rentrera certainement dans le giron de la patrie.

CGTN : Cette année, la Chine assure la présidence des BRICS, et la Réunion informelle des dirigeants de l’APEC et le Sommet du G20 se tiendront également dans des pays asiatiques. Quel rôle peuvent jouer les pays émergents et en développement dans la gouvernance mondiale ?

Wang Yi : Les BRICS sont un bel exemple de la recherche par les marchés émergents et pays en développement de l’émergence collective dans l’unité et une force cruciale pour faire avancer la gouvernance mondiale. Cinq ans après, la Chine assure une nouvelle fois la présidence des BRICS. Nous accueillerons le Sommet des BRICS et organiserons successivement plus de 160 activités. Nous travaillerons avec les autres pays des BRICS, autour du thème « construire un partenariat de haute qualité et ouvrir ensemble une nouvelle ère du développement mondial », à approfondir la coopération des BRICS, à en rehausser la qualité et à donner plus d’éclats à cet exemple de la coopération Sud-Sud, afin d’apporter espoir et confiance à tous les pays dans la riposte sanitaire et la reprise mondiale.

Nous œuvrerons selon les principes de la justice et de l’équité à orienter la réforme du système de la gouvernance mondiale et avancerons les propositions des BRICS pour la gouvernance mondiale dans l’après-COVID-19. Nous accorderons la priorité à la coopération vaccinale et étendrons la coopération sur la santé publique pour renforcer la ligne de défense des BRICS contre le virus. Nous approfondirons sur tous les plans la coopération sur l’économie, le commerce, la finance, l’innovation, l’économie numérique, le développement vert et la réduction de la pauvreté pour construire une ligne express des BRICS en faveur d’un développement mondial accéléré. Nous approfondirons la coopération « BRICS Plus », renforcerons la coordination stratégique avec les autres marchés émergents et pays en développement et apporterons la contribution des BRICS au développement du partenariat mondial pour le développement.

Cette année, la Chine, la Thaïlande et l’Indonésie accueilleront respectivement le Sommet des BRICS, la Réunion informelle des dirigeants de l’APEC et le Sommet du G20. La gouvernance mondiale est à l’« heure de l’Asie ». La Chine espère que, dans la gouvernance mondiale, les marchés émergents et pays en développement, qui aujourd’hui suivent les autres pays, pourront les rattraper, voire mener la course, afin de jouer un rôle plus actif, d’émettre une voix plus forte, d’orienter l’évolution de l’ordre international dans un sens plus juste et plus raisonnable et de promouvoir une mondialisation plus ouverte, plus inclusive, plus équilibrée et bénéfique pour tous.

Press Trust of India : Les relations entre l’Inde et la Chine continuent de toucher le fond. Comment la Chine voit-elle les perspectives de ses relations avec l’Inde pour cette année ?

Wang Yi : Ces dernières années, les relations sino-indiennes ont connu des difficultés. Cette situation n’est pas dans l’intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples. Sur la question frontalière léguée par l’histoire, la Chine estime toujours qu’il faut gérer les divergences par des consultations d’égal à égal et rechercher activement une solution juste et raisonnable, tout en évitant que ces questions n’affectent ni ne perturbent la coopération bilatérale.

Nous constatons qu’il y a toujours des forces qui tentent de semer la discorde entre les deux pays et de créer la division entre les régions. Mais ces agissements suscitent des réflexions et la vigilance d’un nombre croissant de personnalités éclairées. On est de plus en plus conscient que pour la Chine et l’Inde, grands pays peuplés chacun de plus d’un milliard d’habitants, ce n’est qu’en préservant l’indépendance qu’elles pourront prendre réellement en main leur propre destin et réaliser effectivement leur développement et leur redressement respectifs.

La Chine et l’Inde ont au total plus de 2,8 milliards d’habitants, soit un tiers de la population mondiale. Le développement stable des deux pays et leur bonne entente donneront un fondement solide à la paix et à la prospérité dans le monde. Comme le dit un proverbe indien, « Aide le bateau de ton frère à traverser le fleuve et le tien aussi arrivera sur l’autre rive ». Nous espérons que la partie indienne pourra travailler ensemble avec la partie chinoise, à la lumière du consensus stratégique selon lequel la Chine et l’Inde « sont l’une pour l’autre non une menace mais une opportunité de développement », pour renforcer la confiance mutuelle, éviter les malentendus et les erreurs d’appréciation, être des partenaires qui contribuent au succès de l’autre et non des rivaux qui s’affaiblissent mutuellement, développer les relations sino-indiennes sur la bonne voie et apporter plus de bénéfices aux deux peuples et une plus grande contribution à la région et au monde entier.

China Arab TV : Quelles mesures la Chine prendra-t-elle pour régler les points chauds du Moyen-Orient et prendre une part constructive aux affaires régionales ?

Wang Yi : La sécurité et le développement sont depuis de longues années deux préoccupations majeures des pays du Moyen-Orient. En tant que partenaire stratégique des pays de la région, la Chine poursuit toujours l’approche du « double soutien », à savoir, soutenir les efforts des pays du Moyen-Orient visant à régler les questions sécuritaires dans la région par la solidarité et la coordination, et soutenir les efforts des peuples du Moyen-Orient visant à explorer de manière indépendante leurs propres voies de développement.

Depuis plus d’un an, la Chine a avancé successivement une proposition en cinq points pour la réalisation de la sécurité et de la stabilité au Moyen-Orient, une proposition en quatre points sur le règlement politique de la question syrienne et une piste de réflexion en trois points pour la mise en œuvre de la « solution à deux États », dans le but de promouvoir le règlement par dialogue des points chauds et de réaliser la sécurité régionale et la sécurité commune. La Chine et les pays du Moyen-Orient ont mené une lutte solidaire contre la COVID-19 et fait avancer leur coopération sur la production de vaccins et la R&D des médicaments. L’accélération de la construction de la zone de libre-échange entre la Chine et les pays du Golfe et le lancement de l’Accord de coopération globale entre la Chine et l’Iran ont donné une impulsion énergique au développement de la région.

La Chine joue depuis toujours un rôle constructif au Moyen-Orient. Nous n’avons jamais cherché à obtenir des intérêts géopolitiques, et encore moins à combler le prétendu « vide de pouvoir ». Durant les dernières décennies, les multiples ingérences des puissances hors de la région dans les affaires du Moyen-Orient ont infligé tant de souffrances à la région et aux peuples qui y vivent. Cette situation ne peut plus durer au 21e siècle. Le pouvoir de défendre la sécurité et le développement au Moyen-Orient doit être remis complètement aux mains des peuples de cette région. Nous devons soutenir les efforts des pays du Moyen-Orient pour rechercher la paix par la solidarité, préserver la stabilité par le renforcement de leur propre force et promouvoir le développement par la coopération, en vue de réaliser véritablement la paix et la prospérité durables dans la région.

Shenzhen Satellite TV : Les relations entre la Chine et les pays insulaires du Pacifique Sud se sont sans cesse approfondies. Comment voyez-vous l’avenir de ces relations ?

Wang Yi : La diplomatie chinoise préconise depuis toujours l’égalité entre pays de tailles différentes. Dans cet esprit, la Chine a toujours accordé une attention et un soutien particuliers aux petits pays insulaires dans le Pacifique Sud.

La Chine entend développer avec les pays du Pacifique Sud des relations marquées par le respect, et la confiance mutuels et l’égalité. Elle soutient les efforts de ces pays pour poursuivre fermement des voies de développement adaptées à leurs conditions nationales.

La Chine entend affronter les défis ensemble avec les pays du Pacifique Sud dans l’esprit d’entraide et de solidarité. La Chine est immédiatement venue en aide aux Tonga après la catastrophe volcanique, a apporté son soutien aux Îles Salomon pour le maintien de la stabilité et la cessation de la violence, et offert aux pays frappés par l’épidémie de COVID-19 des dons de vaccins et d’équipements médicaux, donnant une belle illustration de l’esprit de solidarité à toute épreuve qu’incarne la communauté d’avenir partagé.

La Chine entend favoriser l’inspiration mutuelle et la coopération gagnant-gagnant avec les pays du Pacifique Sud. Nous travaillerons  avec eux à promouvoir la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », et continuerons de leur apporter une assistance économique et technique sans assortir de condition politique. La Réserve de matériels d’urgence Chine-pays insulaires du Pacifique a été mise en service, et la construction du Centre de coopération sur la lutte contre le changement climatique et du Centre de coopération sur la réduction de la pauvreté et le développement sera bientôt achevée.

La Chine restera toujours un bon ami fiable des pays du Pacifique Sud. Elle entend travailler avec eux pour faire de leurs relations un nouvel exemple de soutien mutuel, de solidarité et de coopération entre pays aux tailles et systèmes différents.

The Straits Times : Êtes-vous optimiste sur la capacité de la Chine et des pays de l’ASEAN à surmonter les divergences et à conclure le Code de conduite en Mer de Chine méridionale (COC) ? Le COC doit-il avoir ou non un effet juridique ?

Wang Yi : Cette année marque le 20e anniversaire de la signature de la Déclaration sur la conduite des Parties en Mer de Chine méridionale (DOC). Depuis 20 ans, la Chine et les pays de l’ASEAN ont mis en œuvre ensemble la DOC et assuré la stabilité globale en Mer de Chine méridionale. Pourtant, pour réaliser la paix et la stabilité durables en Mer de Chine méridionale, il est nécessaire de mettre en place des règles régionales plus concrètes et plus efficaces. C’est pour cette raison que dans la DOC, les parties ont fait clairement de l’élaboration d’un COC un objectif de long terme.

Depuis le lancement par la Chine et les pays de l’ASEAN des consultations sur le COC, beaucoup de progrès encourageants ont été réalisés. La COVID-19 a eu des impacts sur le processus de consultations, mais la Chine est toujours pleinement confiante dans les perspectives de la conclusion du COC, car faire avancer les consultations correspond aux intérêts communs de la Chine et des pays de l’ASEAN et constitue une mesure clé pour faire de la Mer de Chine méridionale une mer de paix et de coopération. Le COC sera conforme au droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, et fournira une garantie plus effective aux droits et intérêts légitimes des pays hors de la région. Au moment où les consultations entrent dans une phase cruciale,  les deux points suivants sont particulièrement importants.

Le premier, c’est d’avoir une juste perception des divergences. Dans toutes les consultations et négociations, il peut y avoir des divergences de points de vue. Mais tant que nous gardons à l’esprit que nous partageons le même objectif, il n’y aura pas de divergence insoluble, ni de consensus impossible.

Le deuxième, c’est d’écarter résolument les perturbations. Certains pays hors de la région ne veulent pas voir la conclusion du COC, ni la tranquillité en Mer de Chine méridionale, car cela leur fera perdre le prétexte pour s’immiscer dans les affaires de la région et y chercher des intérêts égoïstes. Les pays de l’ASEAN doivent en prendre pleinement conscience, et rejeter ensemble les perturbations et actes de sabotage extérieurs. Je suis convaincu qu’aucun contre-courant hors région ne saurait soulever des vagues en Mer de Chine méridionale, et qu’aucune perturbation extérieure ne saurait entraver la coopération dans la région.

Associated Press of Pakistan : Actuellement, l’Afghanistan fait face à une crise humanitaire et à une menace terroriste sérieuses. Selon la Chine, que doivent faire les différentes parties pour aider le pays à sortir des difficultés ?

Wang Yi : Les États-Unis se sont désengagés de l’Afghanistan de manière irresponsable, laissant le peuple afghan dans une grave crise humanitaire et causant des défis sécuritaires considérables à la stabilité régionale. Actuellement, l’Afghanistan se trouve à un moment crucial pour mettre fin au chaos et rétablir l’ordre. Les différentes parties doivent observer le principe dit de « par les Afghans et pour les Afghans » pour soutenir les efforts du peuple afghan d’explorer une voie de développement adaptée aux réalités nationales. L’urgence, et c’est une course contre la montre, est d’apporter plus rapidement des aides humanitaires, de lever immédiatement le gel des avoirs afghans sur le sol américain ainsi que toutes les sanctions unilatérales, et de restituer sans condition les avoirs du peuple afghan, afin d’éviter « le dommage secondaire » au peuple afghan et d’aider le pays à sortir de l’hiver et à embrasser le printemps. 

La Chine est immédiatement venue en aide à l’Afghanistan et lui apportera de nouvelles aides en fonction des besoins du peuple afghan. Nous préparons actuellement la 3e réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Afghanistan et entendons valoriser nos atouts en tant que pays voisin et apporter notre part de contribution à la paix et à la tranquillité en Afghanistan.

CNR : Vous avez poursuivi la tradition qui, depuis 32 ans, veut que le Ministre chinois des Affaires étrangères choisisse l’Afrique pour son premier déplacement à l’étranger de l’année. Quelles mesures la Chine adoptera-t-elle pour mettre en œuvre les acquis de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) ? Certains médias étrangers accusent la Chine de créer un « piège de la dette » en Afrique. Quels sont vos commentaires là-dessus ?

Wang Yi : Le choix du Ministre chinois des Affaires étrangères d’effectuer chaque année en Afrique son premier déplacement à l’étranger illustre le soutien ferme de la Chine au développement et au redressement de l’Afrique. Depuis de nombreuses années, la Chine a construit en Afrique plus de 10 000 kilomètres de chemins de fer, près de 100 000 kilomètres de routes, près de cent ports et d’innombrables hôpitaux et écoles. Ce ne sont pas des « pièges de la dette », mais des monuments de coopération.

L’année 2021 est une année importante pour la coopération sino-africaine. Les deux parties ont organisé avec succès la 8e Conférence ministérielle du FCSA, lors de laquelle le Président Xi Jinping a annoncé « neuf programmes » de coopération sino-africaine et appelé à bâtir ensemble une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère. De nouvelles impulsions ont ainsi été injectées dans le développement des relations sino-africaines.

Cette année marque le début de la mise en œuvre des acquis de cette conférence. Dans sa coopération avec l’Afrique, la Chine a toujours honoré ses engagements et n’a jamais fait de promesse vaine. Nous ferons rayonner l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique et travaillerons ensemble avec les pays africains sur les trois priorités suivantes :

Premièrement, promouvoir vigoureusement la coopération contre la COVID-19. Nous mettrons complètement en œuvre l’engagement pris par le Président Xi Jinping de fournir à l’Afrique un milliard de doses de vaccins, et aiderons le continent à renforcer ses capacités de production locale de vaccins et à réaliser l’objectif de vacciner 60% de sa population d’ici fin 2022.

Deuxièmement, accroître la qualité de la coopération pragmatique sino-africaine. Nous travaillerons à accélérer la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » et à obtenir des résultats précoces dans la mise en œuvre des « neuf programmes ». Nous œuvrerons à une synergie entre l’Initiative pour le Développement mondial et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, afin de soutenir par des actions concrètes la reprise économique et le développement durable en Afrique.

Troisièmement, promouvoir la Perspective pour la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique. La Chine a nommé un envoyé spécial du Ministère des Affaires étrangères pour la Corne de l’Afrique. Elle est prête à mener une vaste communication avec les pays de la région et à jouer un rôle constructif pour la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique et sur tout le continent africain.

Prensa Latina : Quelle appréciation donnez-vous à l’état actuel des relations entre la Chine et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ? Les États-Unis et certains autres pays accusent la Chine de vouloir rechercher l’influence géopolitique par sa coopération avec la région. Que répondez-vous à ces propos ? 

Wang Yi : L’Amérique latine et les Caraïbes sont une terre pleine d’espoir et de dynamisme. Ce n’est pas l’« arrière-cour » de quiconque. Ce dont les peuples latino-américains et caribéens ont besoin, ce sont l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant, et non la politique du plus fort, l’hégémonie ou l’intimidation.

La Chine et les pays latino-américains et caribéens sont tous des pays en développement. Leur aspiration commune à l’indépendance, au développement et au redressement relie étroitement le rêve chinois et le rêve latino-américain et caribéen. Depuis l’apparition de la COVID-19, la Chine a développé activement la coopération en matière de riposte sanitaire avec la région et fourni jusqu’ici au total près de 400 millions de doses de vaccins et près de 40 millions d’unités de matériel anti-COVID-19. L’année dernière, le commerce entre les deux parties a dépassé pour la première fois 400 milliards de dollars américains. Nous avons organisé avec succès la 3e Réunion des ministres du Forum Chine-CELAC et réalisé une large convergence de vue sur l’approfondissement de la confiance stratégique mutuelle et de la coopération pragmatique dans les domaines prioritaires pour les trois ans à venir.

Un adage latino-américain dit : « Un vrai ami est celui qui peut toucher ton cœur depuis l’autre bout du monde. » La Chine continuera de travailler avec les amis latino-américains et caribéens à approfondir l’amitié, à élargir la coopération et à construire activement une communauté d’avenir partagé Chine-Amérique latine et Caraïbes.

Antara News Agency : Comment voyez-vous l’avenir des relations sino-indonésiennes ? Cette année, l’Indonésie assume la présidence du G20. Quel soutien apportera la Chine à la présidence indonésienne ?

Wang Yi : La Chine et l’Indonésie sont toutes les deux représentants des grands pays en développement et des économies émergentes. Elles partagent de larges intérêts communs et recèlent un énorme potentiel de développement. Ces dernières années, sous l’orientation stratégique des deux Chefs d’État, les relations sino-indonésiennes sont devenues un exemple de coopération mutuellement bénéfique entre les pays de la région et un modèle de la montée en puissance collective des pays en développement.

Face à la COVID-19, la Chine a été parmi les premiers pays à venir en aide à l’Indonésie et à coopérer avec elle en matière de R&D de vaccins et de médicaments anti-COVID-19. Avec 290 millions de doses fournies jusqu’aujourd’hui, la Chine est le premier fournisseur de vaccins pour l’Indonésie. L’Initiative « la Ceinture et la Route » de la Chine et les Corridors économiques globaux régionaux de l’Indonésie ont dégagé une formidable synergie, et le volume des échanges commerciaux entre les deux pays en 2021 a augmenté de près de 60% en glissement annuel. Les deux pays ont lancé avec succès le Mécanisme sino-indonésien de dialogue et de coopération de haut niveau, faisant émerger une nouvelle structure de coopération bilatérale reposant sur quatre axes, à savoir, les axes politique, économique, culturel et humain et maritime.

Pour la prochaine étape, la Chine travaillera avec l’Indonésie pour approfondir la coopération vaccinale sur toute la chaîne industrielle, contribuer à la création du centre régional de production de vaccins et construire ensemble le bouclier régional contre le virus. Elle œuvrera à l’achèvement et à la mise en service de la ligne ferroviaire à grande vitesse Jakarta-Bandung dans les meilleurs délais pour donner une plus grande impulsion au développement de l’Indonésie dans l’après-COVID-19 et à la coopération mutuellement bénéfique entre les deux pays.

Cette année, l’Indonésie accueillera le Sommet des dirigeants du G20. La Chine entend prêter activement soutien et concours à l’Indonésie et travailler, autour du thème « Se rétablir ensemble, se rétablir plus fort », à promouvoir la coopération en matière d’innovation, de numérique, de développement vert et de santé, à préserver effectivement les intérêts des marchés émergents et pays en développement et à encourager le G20 à contribuer davantage à la reprise mondiale au perfectionnement de la gouvernance mondiale.

China Daily : Je vous pose une question au nom des internautes. Le XXe Congrès national du PCC se tiendra cette année. Selon vous, que doit faire la Chine pour mieux faire connaître le PCC au monde ?

Wang Yi : La Constitution chinoise établit clairement le statut du PCC en tant que parti au pouvoir en Chine et stipule que la direction du PCC est la marque la plus fondamentale du socialisme aux caractéristiques chinoises et le plus grand atout du système socialiste aux caractéristiques chinoises. Bien raconter les histoires du PCC et présenter, défendre et promouvoir la bonne image du PCC, voilà une mission essentielle et une responsabilité majeure de la diplomatie chinoise.

L’année dernière, pour célébrer le centenaire du PCC, nous avons lancé le programme des « 100 histoires dans les échanges du PCC avec l’extérieur » et invité les diplomates en poste en Chine et les journalistes des grands médias internationaux à visiter des sites historiques et des musées du Parti dans les villes comme Yan’an et Jiaxing. Les ambassades et consulats chinois ont organisé plus de 4 000 événements sous différentes formes pour célébrer le centenaire du Parti, ce qui a eu un vif écho parmi les amis étrangers.

Nous pouvons mesurer profondément que la communauté internationale porte un intérêt et une reconnaissance croissants à l’égard du PCC. De plus en plus d’amis étrangers éprouvent de l’admiration devant les grandes réalisations accomplies par le peuple chinois sous la direction du PCC, et de plus en plus de pays souhaitent connaître le secret de la réussite du PCC. Le mois dernier, le Président de l’Argentine Alberto Fernández, venu en Chine pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing, a visité le Musée du PCC et rendu hommage au peuple chinois pour ses efforts et les progrès de développement qu’il a réalisés. Nous avons constaté que la communauté internationale adoptait une vision plus objective sur le PCC, le considérait sous des angles de vue plus larges et se faisait une idée plus approfondie et plus complète du PCC.

Comme l’a indiqué le Secrétaire général Xi Jinping, « pour comprendre la Chine d’aujourd’hui, il faut comprendre le PCC ». Nous saisirons l’opportunité offerte par le XXe Congrès national du PCC cette année pour mieux faire connaître le Parti à la communauté internationale afin de permettre à plus d’amis étrangers de le comprendre véritablement.

La conférence de presse a duré une heure et quarante minutes.

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