Interviews du Président Hu Jintao au quotidien français Le Figaro et à l'agence de presse portugaise Lusa

2010-11-03 16:43

Le 2 novembre 2010, à la veille de sa visite d’Etat en France et au Portugal, le Président Hu Jintao a accordé une interview écrite au quotidien français Le Figaro et à l’agence de presse portugaise Lusa et répondu aux questions concernant, entre autres, les relations sino-françaises, sino-portugaises et sino-européennes, le Sommet du G20 à Séoul, la voie et les orientations de développement de la Chine et l’ordre international au 21e siècle.

Répondant à la question de savoir que doivent faire la Chine et la France pour développer leur partenariat global stratégique dans le nouveau contexte, le Président Hu a souligné « la dimension stratégique unique de la relation sino-française » et fait remarquer « la coopération fructueuse » entre les deux pays dans tous les domaines depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques il y a 46 ans. Selon lui, « aujourd’hui, dans une situation internationale en mutation profonde et complexe, la Chine et la France ont à innover dans leur relation, surtout parce qu’elles sont membres permanents du Conseil de Sécurité et grands pays responsables sur la scène internationale ». Le Président Hu a affirmé que la Chine était « prête à renforcer, par un dialogue franc et sincère, la connaissance et la confiance réciproques avec la France pour continuer à assurer, dans un esprit de respect mutuel et d’égalité, un développement sain et régulier de leurs relations, et à élargir les échanges commerciaux en faisant progresser, à pas assurés, la coopération traditionnelle que représentent l’électronucléaire et l’aéronautique, et en développant activement de nouveaux partenariats dans les secteurs de l’économie d’énergie, de l’environnement, des technologies de l’information, des industries haut de gamme, des nouvelles énergies et des nouveaux matériaux ». En résumant que « l’important, c’est de dépasser, dans cette relation, le simple commerce-investissement pour créer un partenariat d’égal à égal, de valoriser les atouts culturels des deux pays en vue des échanges intellectuels et humains accrus, et de renforcer la coopération stratégique face aux défis planétaires », il s’est dit « convaincu qu’avec les efforts conjugués de part et d’autre, le partenariat global stratégique sino-français accèderait à un nouveau palier dans l’intérêt des deux peuples et des autres peuples du monde ».

Concernant le développement de la relation sino-portugaise, le Président Hu a souligné la longue amitié entre les peuples chinois et portugais. Selon lui, « les deux pays ont réalisé en douceur et avec succès le passage de Macao en 1999 », donnant « un exemple au règlement des problèmes légués par l’histoire pour les autres pays du monde ». Il a rappelé l’établissement du partenariat global stratégique entre la Chine et le Portugal en 2005, qui, d’après lui, a fait entrer leur « relation dans une nouvelle période de développement », et souligné « les résultats fructueux des échanges et de la coopération sino-portugaise ». Il a exprimé la volonté de la Chine de « travailler ensemble avec le Portugal pour renforcer leur confiance politique mutuelle, intensifier leurs échanges bilatéraux et élargir leur coopération pragmatique en vue de réaliser leur développement respectif et de relever ensemble les défis planétaires » tout en affirmant sa « confiance en l’avenir de la relation sino-portugaise ».

Au sujet de l’état actuel et de l’avenir de la relation sino-européenne, le Président Hu a dit que cette relation avait « résisté à l’épreuve du temps et des aléas internationaux depuis l’établissement de rapports officiels entre la Chine et l’UE il y a 35 ans ». En qualifiant les échanges sino-européens de haut niveau d’ « étroits » et la coopération entre les deux parties de « fructueuse », il a fait remarquer que l’UE était, « depuis six ans, le premier partenaire commercial de la Chine », et la Chine était « désormais le deuxième client de l’UE, avec un volume commercial bilatéral de 350 milliards de dollars américains pour les trois premiers trimestres de 2010 grâce à une croissance de 34,4% en glissement annuel ». « Sur le plan culturel et humain », a-t-il ajouté, « les échanges sont d’une grande diversité, grâce surtout à l’Exposition universelle de Shanghai qui a offert une nouvelle plate-forme importante pour l’approfondissement des échanges sino-européens ».

« La Chine attache une haute importance au développement de ses relations avec l’UE», a souligné le Président Hu, « elle respecte et soutient l’intégration européenne, et souhaite que l’UE voie d’un regard positif son développement, respecte et soutienne sa voie de développement, une voie adaptée à ses réalités nationales ». Selon lui, « la Chine et l’UE se doivent de respecter et de prendre en considération les intérêts vitaux et préoccupations majeures l’une de l’autre », « leur relation au 21e siècle doit être une relation basée sur le respect mutuel, la confiance réciproque et l’égalité, une relation marquée par les avantages mutuels et le développement commun et une relation qui contribue à la construction d’un ordre politique et économique international plus juste et plus équitable, à l’avènement d’un monde harmonieux et au progrès de la civilisation humaine ».  Il a exprimé aussi le souhait de la Chine de « travailler ensemble avec l’UE pour enrichir sans cesse leur partenariat stratégique et porter leur relation bilatérale à des niveaux toujours plus élevés ».

En ce qui concerne le Sommet du G20 à Séoul, le Président Hu a dit, « le Sommet du G20, mécanisme efficace pour la communauté internationale de lutter ensemble contre la crise financière internationale, a joué un rôle important pour faire progresser la coopération économique internationale et promouvoir la reprise de l’économie mondiale ».  Estimant que cette reprise reste à l’heure actuelle « lente, fragile et inégale, avec beaucoup d’incertitude », il a affirmé que « pour sortir de l’ombre de la crise et promouvoir une croissance forte de l’économie mondiale, on aurait encore à affronter de sérieux défis ». Selon lui, le prochain Sommet à Séoul « devrait mettre l’accent sur le maintien de la solidarité pour résoudre les problèmes de fond à l’origine de la crise financière et consolider la dynamique de la reprise de l’économie mondiale », et pourrait « agir notamment dans les quatre domaines suivants : 1) continuer à renforcer la coordination des politiques macroéconomiques dans l’esprit de solidarité et de gagnant-gagnant pour envoyer un message rassurant de la solidarité des membres du G20 face aux défis majeurs de l’économie mondiale, accroître la confiance du marché et raffermir la reprise dans le monde ; 2) promouvoir la réforme du système financier international, renforcer la régulation du marché et accroître la représentation et le droit à la parole des pays émergents et des pays en développement au sein des institutions financières internationales ; 3) travailler à régler le déséquilibre entre le Nord et le Sud de façon à donner un appui politique à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement ; 4) lutter contre le protectionnisme pour favoriser une conclusion globale et équilibrée des négociations du cycle de Doha ainsi que la réalisation des objectifs du cycle de développement ». Le Président Hu a aussi affirmé la volonté de la Chine de « travailler ensemble avec la France, le Portugal et tous les autres pays du monde, pour relever ensemble les divers défis qu’affronte la communauté internationale et contribuer à une croissance forte, durable et équilibrée de l’économie mondiale ».

Toujours selon lui, « pour corriger le déséquilibre commercial, les parties concernées doivent transformer leur mode de développement, restructurer leurs économies et promouvoir un commerce juste et équitable en luttant contre toute forme de protectionnisme », « la politique de change de la Chine est cohérente et responsable », « nous avons toujours travaillé à faire avancer sûrement la réforme du mécanisme de formation du taux de change du yuan RMB », « dans le futur, nous continuerons à perfectionner, selon le principe d’autonomie, de contrôlabilité et de progressivité, notre système de change flottant et régulé, à mieux faire jouer la loi de l’offre et de la demande et à accroître la flexibilité du yuan, de sorte à maintenir une relative stabilité de notre monnaie à un niveau raisonnable et équilibré », « un développement régulier et relativement rapide de l’économie chinoise revêt une grande importance pour la reprise de l’économie mondiale et son développement à long terme ».

Concernant la voie et les orientations de développement de la Chine, le Président Hu a rappelé les « 5 000 ans d’histoire de la nation chinoise » et sa « culture brillante », tout en reconnaissant que « le chemin qu’elle a parcouru durant l’époque moderne était difficile et sinueux ». Affirmant que « depuis l’avènement de la Chine nouvelle il y a 61 ans, surtout au cours des 32 années qui ont suivi le lancement de la politique de réforme et d’ouverture sur l’extérieur, le peuple chinois multiethnique a mené dans l’unité une lutte ardue et réalisé de grands exploits reconnus de tous et marqués notamment par une nette amélioration de ses conditions de vie », il a attribué ces résultats chèrement acquis à la «persévérance de la nation chinoise », à la « politique de réforme et d’ouverture », et surtout au « choix d’une voie de développement qui correspond à la réalité nationale ».

Selon lui, « le développement de la Chine, composante importante du processus de développement de la société humaine, représente une grande opportunité aussi bien pour la France, le Portugal que pour toute l’Europe », « déterminée à avancer sur la voie de développement pacifique et à poursuivre sa stratégie d’ouverture de bénéfice mutuel et de gagnant-gagnant, la Chine continuera à développer une coopération amicale avec tous les pays du monde pour contribuer à l’avènement d’un monde harmonieux de paix durable et de prospérité commune », « ce choix stratégique fait par le gouvernement et le peuple chinois s’appuie sur la réalité chinoise, correspond au courant de notre époque et témoigne de la cohérence des politiques intérieure et extérieure de Chine », « nous respectons le droit de chaque peuple de choisir librement sa voie de développement et refusons de nous ingérer dans les affaires intérieures des autres pays ou de leur imposer notre volonté », « nous œuvrons au règlement pacifique des conflits internationaux, poursuivons une politique de défense nationale purement défensive et ne prétendons jamais à l’hégémonie ni à l’expansion ».

Sur la construction de l’ordre international du 21e siècle, le Président Hu a rappelé que « nous entrerions bientôt dans la deuxième décennie du 21e siècle » et que « plus que jamais, les peuples du monde partagaient un même destin », tout en appelant les différents pays à « travailler, avec une large ouverture d’esprit et une haute vision stratégique, à l’instauration d’un nouveau type de relations interétatiques, marqué par le respect et la confiance mutuels sur le plan politique ainsi que le bénéfice réciproque et la complémentarité sur la plan économique, de sorte à promouvoir la multipolarisation du monde et la démocratisation des relations internationales ».

Selon lui, la Chine est d’avis que « chaque pays doit faire sien le concept de gagnant-gagnant, combiner les intérêts de son peuple avec ceux des autres, s’inspirer des expériences réussies d’autres pays et développer la coopération avec une attitude plus ouverte », et que « les pays du monde doivent coexister en harmonie, s’en tenir au nouveau concept de sécurité, caractérisé par la confiance mutuelle, l’avantage réciproque, l’égalité et la coopération, et régler leurs différends aux moyens pacifiques, afin de préserver la paix et la stabilité dans le monde ». Estimant que « la communauté internationale, les pays développés en particulier, doivent accroître leurs soutiens et aides aux pays en développement et les aider à atteindre au plus tôt les Objectifs du Millénaire pour le Développement », il juge « important d’intensifier le dialogue et la coopération entre les pays en développement et les pays développés, de renforcer la représentation des pays en développement dans les mécanismes de gouvernance mondiale et d’instaurer un nouveau partenariat planétaire de développement » et s’est dit confiant qu’ « avec les efforts communs de toute la communauté internationale, le 21e siècle deviendra un siècle de paix, de développement et de coopération ».

Concernant la coopération entre la Chine et les pays lusophones, le Président Hu Jintao a souligné que « depuis sa création, le Forum sur la Coopération économique et commerciale Chine-Pays lusophones était devenu un pont important entre la Chine et les pays lusophones et une plate-forme majeure pour promouvoir le développement commun des différentes parties ». Rappelant que le commerce entre la Chine et les pays lusophones a « atteint rapidement 77 milliards de dollars en 2008 », contre « 11 milliards de dollars au moment de la création du Forum en 2003 », et s’est chiffré à la fin des huit premiers mois de 2010 à « 58,58 milliards de dollars grâce à une croissance de 61% en glissement annuel », il a exprimé sa conviction que « ce mécanisme multilatéral de coopération intergouvernementale contribuera à élever le niveau de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays lusophones ».

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