INTERVENTION DU PREMIER MINISTRE DU CONSEIL DES AFFAIRES D'ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE WEN JIABAO AU DÉBAT DE L'ONU SUR LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT ET LE VIH/SIDA

(New York, 22 septembre 2010)
2010-09-23 15:19

Monsieur le Directeur exécutif Michel Sidibé, Mesdames et Messieurs,

C'est un grand plaisir pour moi de participer à ce débat en marge de la Réunion de haut niveau de l'ONU sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). A mon avis, la communauté internationale a besoin d'étudier ensemble les questions stratégiques et à long terme dont dépendent l'existence et le développement même de l'humanité. Dans le même temps, elle a surtout la responsabilité de surveiller et de regarder en face les souffrances réelles des hommes et de sauver les gens qui souffrent des maladies et se débattent dans la douleur.

Le VIH/Sida est un défi commun pour l'humanité. Depuis la découverte du premier cas en 1981, le Sida a déjà dévoré 25 millions de vies. Le Sommet du Millénaire de l'ONU en 2000 a proposé de « stopper et commencer à inverser la propagation du VIH/Sida d'ici à 2015». Cette décision, pleine de solidarité humaine, a redonné l'espoir aux régions gravement menacées par le VIH/Sida et à des millions de séropositifs et de sidéens. Dix ans se sont écoulés depuis. Il est réconfortant de constater que grâce aux efforts communs de la communauté internationale, des progrès notables ont été enregistrés dans la lutte contre le VIH/Sida. Le nombre des personnes contaminées qui sont soignées et aidées est en forte hausse tandis que celui des nouveaux cas de contamination et des décès tend à diminuer. Cependant, il existe aujourd'hui encore plus de 30 millions de séropositifs et de sidéens à travers le monde dont plus de 20 millions en Afrique subsaharienne. Entre la vie et la mort, ces dizaines de millions de personnes souffrent encore énormément de cette maladie et attendent avec impatience nos aides et secours. Nous ne pouvons pas ignorer ces appels de la vie, ni ralentir le rythme de nos assistances. Il nous faut développer plus énergiquement la lutte contre le VIH/Sida à travers le monde pour que les OMD dans ce domaine

soient réalisés à la date prévue.

Depuis mon accession au poste de Premier Ministre en 2003, chaque année, je vais dans des quartiers urbains, des villages et des hôpitaux pour rendre visite aux personnes souffrant du VIH/Sida. J'ai invité spécialement des orphelins du sida et des enfants sidéens dans mon bureau à Zhongnanhai. Chaque fois que je vois les malades qui souffrent, les personnes âgées et enfants qui ont perdu leurs familles à cause du sida, quand j'entre chez eux et que je leur serre la main, je ressens un devoir de responsabilité qui me vient du fond du cœur et je me dis que le gouvernement doit faire plus pour eux.

Ce qui me frappe le plus dans mes contacts avec les séropositifs et sidéens, c'est qu'ils doivent supporter non seulement les douleurs de la maladie, mais aussi l'énorme pression de la société. L'ignorance et la discrimination sont parfois plus redoutables que la maladie elle-même. Le village Wenlou du district de Shangcai dans la province du Henan, en Chine centrale, est gravement touché par le VIH/Sida. Les villageois m'ont dit que malgré la bonne qualité des céréales et des légumes produits dans le village, ils n'arrivaient pas à les vendre parce que personne n'en veut. Les travailleurs et les enfants du village faisaient l'objet de discrimination quand ils quittaient le village pour travailler ou aller à l'école. Une fille de 16 ans du nom de Nannan a perdu ses deux parents à cause du sida. Elle-même a contracté le virus par la transmission mère-enfant. Elle m'a dit: « Ce qui m'attriste le plus, c'est que mes camarades d'école ne veulent pas s'approcher de moi ». Après avoir entendu ces mots, j'étais tellement triste que je ne trouvais aucun mot pour décrire ce que je ressentais. Mettons-nous à sa place, si nous étions séropositifs ou sidéens, qu'est-ce que nous aurions ressenti dans ces circonstances? De ce point de vue, la généralisation des connaissances sur le VIH/Sida, une compréhension correcte de la maladie et la réduction de la discrimination sociale ont la même importance que la lutte contre le VIH/Sida. J'apprécie beaucoup cette phrase préconisée par l'Ouganda: « Nous luttons contre le VIH/Sida, et non les malades du Sida ».

L'amour est un bon remède pour atténuer la douleur des séropositifs et sidéens. Bien qu'à présent, nous n'ayons pas encore trouvé de médicament miracle capable de guérir complètement la maladie, ce monde ne manque pas d'amour et chaque individu est une source inépuisable d'amour. Pourvu que nous soyons toujours charitables, nous pouvons tous offrir notre amour aux séropositifs et sidéens. En fait, ils ne demandent rien de trop. Ils espèrent tout simplement qu'on leur témoignera un peu d'amitié et d'amour. Peut-être rien qu'un simple baiser, quelques minutes de conversation, même une poignée de main ou un sourire peuvent leur donner une lueur d'espoir dans leur vie au désert. C'est aussi un bonheur d'aimer les autres. En Chine, il y a beaucoup de bénévoles qui apportent amour et aides aux malades du Sida. Le professeur Gui Xi'en de l'Université de Wuhan, par exemple, un septuagénaire et un ami à moi, aide des malades depuis des décennies avec son propre argent et accueille même certains chez lui. A mon avis, la solidarité pour les séropositifs et sidéens ne se traduit pas par un discours intarissable au sujet de la question du VIH/Sida sur la tribune d'une grande métropole. La solidarité pour eux doit être réelle et concrète. Elle doit atteindre chaque famille et chaque individu. Nous devons aller parmi les séropositifs et sidéens, leur serrer la main, les écouter face à face et régler avec soin leurs préoccupations réelles. J'espère que chaque membre de la société pourra prêter une grande attention à la question du VIH/Sida et faire preuve de solidarité envers les séropositifs et sidéens.

Le gouvernement chinois attache une grande importance à la lutte contre le sida. Depuis la découverte du premier cas de contamination en 1985, nous avons lancé une guerre contre le VIH/Sida. C'est une guerre âpre et aussi une guerre de longue haleine, mais nous n'avons jamais eu peur ni reculé. En 2004, nous avons mis en place la Commission de la Lutte contre le VIH/Sida et instauré un mécanisme de prévention et de traitement dirigé par le gouvernement avec la participation de toute la société. Nous avons élaboré successivement le Plan de prévention et de traitement du VIH/Sida à moyen et long terme ainsi que deux plans d'action quinquennaux. En 2006, nous avons adopté le Règlement sur la prévention et le traitement du VIH/Sida, fournissant une garantie juridique et réglementaire forte pour la prévention et le traitement de la maladie. Nous avons également accru sans cesse les investissements budgétaires. Le budget alloué par le gouvernement central à la prévention et au traitement du VIH/Sida est passé de 100 millions de yuans en 2001 à 1,6 milliards de yuans en 2010. Les budgets alloués par les gouvernements locaux ont aussi augmenté d'année en année. Nous avons appliqué à travers le pays les mesures de solidarité dites « quatre gratuités et un accompagnement » qui consistent à offrir gratuitement des médicaments anti-viraux aux malades du Sida des zones rurales et des familles urbaines à faibles revenus, à procéder gratuitement à des dépistages et à donner des conseils pour ceux qui le souhaitent, à prévenir gratuitement la transmission mère-enfant, à scolariser gratuitement les orphelins du sida et à accompagner les malades et leurs familles en leur accordant des assistances médicales et financières. Nous avons renforcé avec énergie la sensibilisation au VIH/Sida et généralisé les connaissances sur la prévention et le traitement de la maladie pour que toute la société ait des vues correctes sur la maladie et les personnes atteintes du virus, réduise la discrimination à leur égard et adopte un mode de vie sain. Nous avons lutté sévèrement contre le prélèvement de sang illégal et surveillé davantage l'établissement et la gestion des banques de sang. Nous avons intensifié réellement la surveillance et le contrôle de la maladie et procédé plus efficacement à des dépistages de la maladie. Nous avons également appliqué activement des mesures pour intervenir dans les comportements afin de couper les principales voies de transmission de la maladie tels que la drogue et de prévenir et de contenir efficacement la propagation de la maladie. Nous avons adopté un mode de gestion qui combine les soins médicaux, les services de proximité, l'assistance sociale et la solidarité pour les familles des séropositifs et sidéens, afin d'aider ces derniers à recevoir des soins anti-viraux, de créer des conditions pour qu'ils puissent vivre et travailler normalement, de prendre en charge les orphelins du sida et de défendre leurs droits et intérêts.

Actuellement, la propagation rapide du sida en Chine a été dans l'ensemble contenue. Le taux de décès a sensiblement baissé tandis que la qualité de vie des séropositifs et sidéens a été nettement améliorée. Nous avons la confiance d'atteindre les OMD dans le domaine de la lutte contre le VIH/Sida d'ici 2015.

Mesdames et Messieurs,

La lutte contre le VIH/Sida est un devoir commun de l'humanité tout entière qui a plus que jamais besoin de s'unir pour se protéger car il y a trop de souffrances dans ce monde. La communauté internationale devra agir dans un esprit de solidarité et d'entraide en renforçant la coopération en matière de prévention et de traitement du VIH/Sida.

------ Les pays développés devront honorer effectivement leurs

engagements pour fournir des aides financières et technologiques nécessaires aux pays en développement.

------ Les pays en développement ont à s'inspirer des expériences utiles

de la communauté internationale et à explorer sans cesse des méthodes de prévention et de traitement adaptées à leurs réalités nationales.

------ Les institutions internationales, telles que l'Organisation mondiale

de la Santé (OMS), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) et le Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme, devront renforcer leur coordination, diversifier les sources de financement et mettre en valeur leurs compétences professionnelles pour accompagner les pays en développement, notamment les pays africains subsahariens dans la lutte contre ce fléau.

------ La communauté internationale devra renforcer la coopération dans

le domaine de la R&D en matière de VIH/Sida, en particulier concernant certains projets de recherches clés, multiplier les efforts de recherche de vaccins et d'antiviraux et continuer à améliorer les traitements.

------ Les établissements médicaux et les entreprises pharmaceutiques du

monde entier devront assumer effectivement leurs responsabilités sociales en baissant le coût des soins et des médicaments et en assouplissant d'une certaine façon les mesures de protection des propriétés intellectuelles concernant les médicaments et les techniques de traitement pour que tous les malades du Sida puissent accéder aux soins peu coûteux, commodes et efficaces.

La Chine a toujours pris une part active à la coopération internationale en matière de lutte contre le VIH/Sida, ce qui se traduit par des dons faits au Fonds mondial depuis plusieurs années d'affilée, par des ateliers de formation organisés à l'intention des personnels médicaux africains et par des programmes de coopération menés avec les pays de la sous-région du Mékong et de l'ASEAN. Elle souscrira une contribution de 14 millions de dollars US au Fonds mondial sur les trois ans à venir. Elle continuera à participer à la coopération internationale de manière approfondie pour apporter sa part de contribution à la réalisation à la date prévue des OMD dans la lutte contre le sida partout dans le monde.

Mesdames et Messieurs,

Sur ces mots, je me souviens de l'un des enfants que j'ai reçus à Zhongnanhai il y a trois ans. C'était un garçon de douze ans venu de Fuyang de l'Anhui, ses parents sont tous morts du sida et il vit seul avec sa grand-mère. Je lui ai demandé s'il avait quelque chose à me dire, il m'a répondu alors qu'il voulait devenir médecin quand il serait grand pour que le sida disparaisse de ce monde et qu'il n'y ait plus d'enfants qui perdent leurs parents à cause du sida. Ces mots d'enfant sont pourtant pleins d'humanité. C'est un appel à la vie, à la conscience et à l'espoir. L'Histoire de l'humanité a été une histoire de la lutte victorieuse contre toutes sortes de maladies. « Chaque catastrophe qu'a connue l'humanité a trouvé comme récompense un progrès de l'Histoire ». Depuis des siècles, nous avons vaincu les grandes pandémies désastreuses comme la variole et la peste, nos sagesses et notre confiance en la vie s'en sont trouvées ainsi renforcées et nous aimons davantage la vie et nous-mêmes. J'ai la conviction que le « Ruban rouge » liera plus étroitement nos cœurs et qu'un jour, nous vaincrons le sida et nous verrons sur le visage des malades du sida des sourires de l'espoir, et non des larmes désespérées. Redoublons d'efforts pour que ce jour arrive le plus tôt possible.

Je vous remercie de votre attention.

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